Dans la série "On n'arrête pas le progrès": le téléphone
Mon épouse vient de remplacer son GSM par un smartphone à cause de sa mémoire.
Pas la mémoire du smartphone, la sienne, à elle, qui serait déficiente...
Quand nous roulons en voiture et que quelque chose attire son attention dans l'environnement ou à la radio, elle se pose parfois des questions dont même moi je ne possède pas les réponses (c'est vous dire si ses questions peuvent être tordues...).
Alors, elle dit "Je chercherai sur le Net quand nous serons rentrés". Sauf qu'une fois rentrés, elle ne se souvient plus de l'importante question qui la taraudait quelques minutes auparavant.
C'est dans ces occasions qu'elle déclarait "Il me faudrait un smartphone pour pouvoir chercher avant que je n'oublie".
Aussi, vendredi, comme nous nous étions rendus au centre commercial du coin pour acheter un bon gros chalumeau à butane pour remplacer le petit machin rikiki supposé caraméliser les crèmes brûlées ou catalanes et du coton brun pour crocheter un couvre-oreilles pour le cheval de Louise, lui ai-je proposé de faire un crochet par l'officine de notre compagnie de télécom pour régler la question du smartphone.
Depuis, tandis que mon épouse tente d'inculquer les rudiments de lecture-écriture à Louise, celle-ci tente de dévoiler à son aïeule les mystères du smartphone. Ce n'est gagné ni dans un sens ni dans l'autre...
Moi, je reste zen : j'ai un GSM basique à cartes prépayées qui me sert de bipper.
Et je me rappelle avec émotion le temps de ma jeunesse où presque personne n'avait le téléphone.
Mes parents ont eu leur premier en arrivant à Ville-sur-Haine. C'était un truc mural en bois, un modèle où, à l'origine, il fallait parler dans un petit pavillon fixé sur le caisson du haut (le caisson du bas contenait lui d'énormes piles) et décrocher un écouteur suspendu à une fourche latérale. Mais on l'avait trafiqué pour y adapter un combiné. C'était un poste intérieur relié au central téléphonique de la centrale électrique. Pour appeler, il fallait tourner une manivelle, ce qui faisait sonner un timbre au central et tomber un petit clapet dégageant une ouverture où l'on pouvait connecter un jack d'un quart de pouce de diamètre (6.35mm), ce qui permettait de vous connecter au moyen d'un câble à votre correspondant (lui aussi aupravant dissimulé derrière un autre petit clapet, le sournois !).
J'ai joué les opérateurs devant ce petit standard téléphonique qui se situait dans la salle de contrôle de la centrale électrique.
Quand nous nous sommes mariés, nous n'avions même pas le téléphone et tout allait pour le mieux. Aujourd'hui, si le réseau a le malheur de se déconnecter ne serait-ce qu'une minute, c'est la panique générale ! Je me demande parfois si c'est si bien que ça, le progrès finalement...
Mais bien sûr que c'est bien, comment nous serions-nous rencontrés sinon ?