de du Nord !
Hier, Louise est partie pour une semaine en classe de mer au Coq (De Haan pour les néerlandophones). Cet événement aère un peu notre emploi du temps : pas besoin d'être rentrés à 15 heures le lundi et le jeudi pour son retour de l'école, pas besoin de la pêcher à la sortie de son atelier construction le mardi à 17 heures ni à celle de son atelier théâtre le vendredi à 16. Bon, le jeudi, il faut encore conduire sa soeur à l'école de cirque et le mercredi aller la chercher chez elle pour la faire déjeuner, travailler un peu, la conduire au manège etc.
L'horaire de ce lundi s'étant comme je viens de vous le dire retrouvé libéré (après avoir assisté au départ du car), mon épouse en a profité pour réaliser un de ses rêves : montrer la mer au chien !
Faut dire que la bestiole a déjà sept mois et demi et n'a toujours pas vu la mer ce qui, vous en conviendrez aisément, est tout bonnement scandaleux !
Dans notre petit pays à Adrienne, Anémone, Coumarine, Lorraine, Pivoine, Tilleul et moi (si j'ai oublié quelqu'un, faites-moi signe), quand il faut se rendre à la côte, on n'a guère à se poser de question : il n'y en a qu'une d'une soixantaine de kilomètres, bétonnée quasiment d'un bout à l'autre sauf aux deux extrémités constituées en réserves naturelles : le Westhoek et le Zwin. C'est la côte de la Mer du Nord qui se situe à l'ouest du pays (je sais, je vous l'ai déjà faite celle-là ;o).
Nous nous sommes donc rendus à Nieuport (en réalité Nieuwpoort, ça aussi je vous l'ai déjà dit).
Passé Gand (Gent) le ciel s'est dégagé et nous avons eu droit à un soleil resplendissant.
Si en été, à cause de la foule la plage est interdite aux chiens, en hiver elle leur est ouverte. Nous avons donc emmené Câline au bord de l'eau. Nous savons maintenant que la bête a peur du ressac. Comment avons-nous pu vivre plus de sept mois dans l'ignorance de cette information capitale ! Pour le reste, nous avons pu constater que sur le sable découvert par la marée basse, elle galope aussi follement que sur la pelouse du parc des Trois Fontaines. Sauf que la plage se trouve à cent-vingt kilomètres de chez nous et la pelouse à deux.
L'appétit aiguisé par cette sortie au grand air et par la bière que nous avons dû prendre en apéro au Kraaienest, mon épouse ayant eu à satisfaire un petit besoin urgent, nous nous sommes mis en quête d'un endroit où déjeuner. Mis en quête, c'est façon de parler, nous avions garé notre voiture à quelques encâblures du "Boticelli" une sorte de brasserie, trattoria, oenothèque locale que nous avions déjà fréquentée voici quelques années. On y sert une cuisine italienne vraiment italienne, des vins irréprochables, le tout à des prix relevant du commerce à main armée (mais bon, c'est la côte, n'est-ce pas, faut bien flinguer le touriste, il n'est pas obligé de venir non plus).
Nous étions un peu inquiets, car nous n'avions jamais emmené le chien au resto (elle en aura vu des choses pour cette journée, la bête). Je l'ai donc accroché au moyen d'une laisse courte à l'armature de ma chaise et, contrairement à mes craintes, elle ne s'est pas agitée et ne s'est pas mise à geindre. Tout se déroulait donc pour le mieux sauf qu'au moment où le délicieux accessoire de comptoir monté sur talons aiguilles est venu nous déposer l'addition (qui n'avait jamais aussi bien mérité son surnom de "douloureuse"), cette charmante personne a poussé un cri d'horreur ou au moins de stupeur. La chienne, chose que dans mes rêves les plus fous je n'aurais même pas osé imaginer, lui avait lêché le pied ! Faudra que je pense à faire chien dans une prochaine existence...
En sortant du resto, stupéfaction : le soleil avait disparu et une sorte de brume de mer avait envahi le paysage. Nous sommes malgré tout retournés sur la plage pour constater un détail amusant : la côte flamande est une sorte de digue protégeant les terres intérieures dont une grande partie sont des polders, des étendues se situant sous le niveau de la mer. Pour éviter d'avoir à émigrer en Wallonie suite à la montée du niveau des océans, les braves Flamands ont entrepris de renforcer et rehausser la digue de mer :
Si bien que cet escalier qui autrefois menait à la plage fait aujourd'hui figure de plongée vers les enfers et qu'accessoirement, les promeneurs du front de mer doivent escalader une dune artificielle pour apercevoir la mer. Et je ne vous parle pas des pauvres mecs qui ont acheté cher et vilain un rez-de-chaussée avec vue sur mer ! On va peut-être leur installer un périscope... ou une webcam ?