Lors d'une des versions précédentes de ce titre, je vous parlais du broyage de graines de lin au moyen d'un mortier japonais. Je vous montre la chose :
Le problème avec les photos (et tout particulièrement avec celles que je prends) c'est qu'on y voit rarement ce que l'on veut montrer.
En effet, je veux expliquer que l'efficacité du broyage est gênée par deux choses :
- la longueur du pilon est un peu faible par rapport à la profondeur du mortier si bien que sa prise en main est difficile et produit des crampes lorsque l'on veut augmenter la pression
- le fond du mortier est plat et l'extrémité du pilon arrondie, si bien que le seul endroit où la friction est efficace se situe au début de l'arrondi joignant la paroi du mortier à son fond et se produit essentiellement via une poussée latérale, ce qui n'arrange rien aux crispations génératrices de crampes
Bien sûr, comme annoncé, ces deux détails ne sont pas clairement visibles sur la photo.
Vous aurez vu dans l'article précédent que je regrettais le matériel dont je disposais dans mon labo de diffraction X. C'est que là, les mortiers et leurs pilons étaient en agate et que le creux d'un mortier et l'extrémité de son pilon présentaient des courbures se répondant parfaitement, augmentant la surface de contact et permettant à l'effort de s'appliquer verticalement sur le dit pilon d'où moins de crispations !
Ennui supplémentaire, l'intérieur des graines de lin est huileuse, si bien qu'au fur et à mesure du broyage, la matière grasse se colle sur la paroi du mortier et affaibli grandement l'efficacité du broyage.
Là aussi, nous avions un truc imparable au labo : de petits récipients cylindriques garnis intérieurement de carbure de tungstène ( le fameux widia du bout des mèches à béton) et contenant quelques billes du même matériau. Vous introduisiez la matière à broyer dans le cylindre en compagnie des billes, refermiez le couvercle et fixiez l'ensemble sur un petit mécanisme orbital secouant vigoureusement l'ensemble dans tous les sens. Là, plus question de crampes du tout !
Ouais mais le côté huileux, me ferez-vous remarquer, fort à propos.
Facile ! Vous répondrai-je sourire aux lèvres : il suffit d'ajouter au mélange une portion de "carboglace" (de l'anhydride carbonique à l'état solide) qui refroidit l'ensemble et durcit la matière grasse ce qui facilite son broyage ! En fin d'opération, la matière se réchauffe et le CO2 redevient gazeux.
Merveilleux non ? Voilà pourquoi je regrette ce labo (et je vous parle même pas de ma patronne).
Bon, c'est pas tout ça, j'ai de la graine de lin à piler...