Une vie sous influence ?
Lundi, tandis que je roule en voiture, la radio diffuse une émission consacrée au septantième anniversaire de la publication du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.
En l’écoutant, je me fais la réflexion que c’est précisément en lisant ce livre-là, réputé avoir été écrit pour la jeunesse et même pour les enfants que je suis entré dans l’âge adulte. Etonnant, non ?
Etonnant… et pas tout-à-fait exact.
En cette fin des années cinquante, les éditions du Seuil publient une collection : « Ecrivains de toujours ». Le principe de la série est original : le titre de chaque ouvrage est formé du nom de l’écrivain sélectionné suivi de « par lui-même », simplement parce que les auteurs qui présentent l’écrivain émaillent leur propre texte de très nombreux extraits de l'œuvre de celui-ci.
Parmi les trente-six auteurs, tous français sauf cinq, figure Saint-Exupéry. À cette époque d’après guerre, les récits de guerre font florès et je me passionne pour eux, empruntant tous ceux que je trouve à la bibliothèque.
Aussi, lorsque passant devant la librairie du père d’un de mes condisciples j’y découvre ce livre consacré à un héros de l’aviation française (le fait qu’il soit mort pour la France a valu à son œuvre un sursis de trente ans supplémentaires par rapport aux septante accordés par l’Union Européenne, vous ne risquez donc pas de la charger gratuitement sur votre liseuse), je décide de l’acheter.
Je viens de mettre le doigt dans un engrenage infernal : la pensée de l’auteur m’enchante et en commençant par le Petit Prince, je finirai par acheter et lire non seulement toute l’œuvre de Saint-Ex mais aussi à peu près tout ce que l’on publiera sur lui jusque dans les années septante.
Le Petit Prince ! Quel livre étonnant. Ce n’est pas pour rien qu’il s’en est vendu cent-quarante millions d’exemplaires. Oui, je suis entré dans l’âge adulte avec ce livre sous le bras et je pense qu’il me reste toujours aujourd’hui quelque chose de mon émerveillement.