Teatime
Mon épouse aime beaucoup visiter les jardins, particulièrement ceux assortis d'un château. J'en avais donc repéré un dans le comté (ben ouais, le Suffolk est un comté, on va pas en faire un fromage non ?).
Ça s'appelait Hemlingham et je croyais que c'était un patelin puisque MAPS l'avait localisé sans difficulté.
Première surprise une fois installés dans la voiture : l'atlas routier de Grande-Bretagne made by Bibendum de ma copilote ne le mentionnait pas. Je me suis donc rabattu sur le GPS qui, s'il acceptait le nom de l'endroit refusait tous les noms de rue que l'on peut s'attendre à trouver dans un honnête village britannique : main, high, church, castle, station... Il a fini par accepter Hall Lane et nous voilà partis !
Mon GPS a deux réglages : trajet le plus rapide et trajet le plus court. Le trajet le plus rapide vous fait passer par un maximum de voies... rapides dont il semble ignorer qu'elles sont également les plus engorgées. L'autre vous fait passer par un assemblage de bouts chemins réputés carrossables dont la suite se rapproche le plus possible de la ligne droite entre vous et votre objectif, ce qui vous garantit à tous les coups un itinéraire hautement touristique et éminemment rural, sans se préoccuper bien sûr d'où vous pourrez bien ranger votre véhicule quand vous tomberez nez à nez avec un tracteur dans un de ces chemins creux où les haies caressent langoureusement les flancs de votre voiture.
J'ai expérimenté la première méthode à l'aller et la seconde au retour et, comme disait l'Autre "En vérité, je vous le dis, le GPS, c'est l'aventure garantie !"
Et je ne vous parle même pas de la façon dont la voix synthétique, féminine et française du mien prononce les noms de lieux anglais !
Bref, après avoir sillonné à maintes reprises et dans les sens les plus divers les environs de la propiété, nous avons fini par en découvrir l'accès entre deux hautes haies au beau milieu de l'arc d'un virage de la route qui porte son nom. De village point, juste le château et une église au sein d'un domaine où outre celui des touristes, vous croisez des troupeaux de moutons, boeufs écossais et daims (m'a-t-il semblé puisque l'appellation anglaise "deer" est générique et recouvre aussi bien les cerfs que les chevreuils ou les daims, comme j'ai l'honneur de vous le... dire).
La visite s'est bien passée, merci. Surtout pour mon épouse qui adore les fleurs et les a photographiées sous tous les angles.
Il n'y avait que des iris ? Non, mais l'iris est l'emblème de ma région, alors, tant qu'à faire...
Et j'ai même rencontré ma copine "Pivoine blanche" !
Dans certains châteaux, pour un surcoût raisonnable, il vous sera accordé le privilège de prendre le thé en compagnie de Sa Seigneurie, une chose que les Anglais apprécient au plus haut point. Rien de cela néanmoins ici, un simple salon de thé installé dans les dépendances du château (l'ancienne remise à voitures si j'ai bien compris) avec une sorte de Miss Marple au service.
Et pour la première fois depuis Star Steps dans le Somerset des années 70, j'ai repris un vrai thé à l'anglaise, avec scones, clotted cream et confiture. Si Miss Marple était toujours vêtue d'une robe noire et d'un tablier blanc, la clotted cream était réputée venir de Cornouailles, c'est ce que mentionnait en tout cas son pot en plastique, et la confiture était une portion individuelle de marque anglaise dans son petit bocal de verre à couvercle qui fait "Pop !".
Finies les délicates porcelaines débordant de crème locale et de confitures "Home made". Non, je l'ai déjà dit : l'Empire britannique n'est plus ce qu'il était !