La lecture d'un billet récent de Poupoune m'a fait souvenir d'une petite anecdote. À l'époque de l'événement, j'étais à l'école primaire tandis que mon frère attendait l'année scolaire suivante pour y entrer.
Ma mère a, semble-t-il, toujours eu des grossesses difficiles.
Un jour qu'elle était montée, durant sa troisième, se reposer dans sa chambre, laissant mon frère puîné seul au rez-de-chaussée, ce dernier se livra à une intéressante expérience.
S'étant emparé de deux aiguilles à tricoter en métal, il avait poussé une chaise contre le mur de la cuisine, l'avait escaladée pour atteindre une des prises électriques (les prises se trouvaient à hauteur d'homme à l'époque) et il avait introduit fermement les aiguilles dans les trous de la prise, se connectant ipso facto au réseau basse tension.
Si on dit "basse tension" par opposition aux réseaux haute tension généralement alimentés en dizaines de kilovolts, celui où mon frère s'était branché distribuait quand même du 220 volts alternatif .
Par bonheur (les disjoncteurs différentiels étaient inconnus à l'époque), il n'était pas resté collé aux aiguilles, la vigueur de la secousse l'ayant précipité à bas de la chaise.
Il avait déboulé dans la chambre de notre mère claquant des dents, parcouru de tremblements et émettant des sons aussi hachés qu'incompréhensibles.
Ma mère a fini par reconstituer la scène, aidée par les aiguilles aux sol, les gesticulations et les brûlures dans la paume des mains de mon frère. Lequel frère, une fois remis de la décharge, put confirmer verbalement les choses.
Sous le choc, mes parents (mon père était rentré appelé par ma mère) se demandaient ce qui avait bien pu passer par la tête de cet enfant pour qu'il se livre à une telle expérience.
Depuis, toute la famille a découvert le pourquoi de la chose : c'était une vocation, héréditaire de surcroît ! Mon frère est devenu électricien, comme son père.
Moi je me suis contenté d'une incursion de quelques années dans l'électrochimie.