Leçons particulières
Les aventures de l'Adrienne et son Léon m'ont fait souvenir du temps de mon école primaire.
À l'époque, il n'y avait pas, comme aujourd'hui, d'épreuve de fin de niveau externe et obligatoire. Néanmoins, on organisait dans chaque canton une épreuve de fin d'études primaires réputée difficile et baptisée, ô joie, l'examen cantonal.
Cette épreuve n'était donc pas obligatoire et les instituteurs des diverses écoles communales ne poussaient à s'y inscrire que leurs meilleurs élèves, inutile d'avoir l'air con, n'est-ce pas...
Quand je suis entré en cinquième primaire, mon instituteur (une espèce de génie de l'éducation dont je vous ai déjà parlé et qui menait de main de maître l'instruction parallèle des six niveaux) s'est mis en tête de me faire participer à cette épreuve à la fin de l'année scolaire, si bien qu'après ma journée de classe normale, il m'emmenait chez lui (c'était pas loin : son logement de fonction communiquait avec l'école) pour me faire ingurgiter en supplément la matière de la sixième année.
Il m'avait sans doute pris pour une sorte de surdoué alors que j'étais bêtement curieux de tout et doté d'une bonne mémoire. Faut dire qu'au milieu de quelques gamins dont le rêve était de finir porion dans un charbonnage ou laboureur à traction chevaline comme leur fermier de père, c'était pas très difficile de passer pour une lumière.
Bref, j'ai eu du boulot pour l'année et mon instit a pu me conduire dans sa quatre chevaux Renault (celle qui servait à nous montrer comment fonctionnait un moteur à explosions) dans une école d'Houdeng-Aimeries où avait lieu l'examen.
J'ai pas fini premier mais presque et il avait l'air satisfait. Moi, ça ne m'a pas servi à grand chose : j'aurais pu entrer directement à l'athénée mais mes parents ont jugé que j'étais trop jeune et j'ai donc effectué normalement ma sixième primaire. Comme je n'avais plus rien à étudier, c'est moi qui ai aidé le maître à apprendre à lire, écrire et calculer aux première et deuxième années.
J'aurai fait de tout dans ma vie !