Ça avait déjà bien démarré voilà une semaine : m'étant présenté au guichet des admissions après 48 heures d'instillations de gouttes diverses dans l'œil ad hoc (le gauche donc) en vue de l'opération de la cataracte, j'avais suscité l'ébahissement de la préposée qui ne trouvait aucune intervention de ce genre dans le planning du jour.
L'homme de l'art avait annulé l'opération et son secrétariat omis de m'en avertir.
Ce matin donc, nous remettons ça.
Une autre préposée veut tout savoir de moi et me demande un tas de données dèjà présentes dans la base de données de l'établissement, parait qu'il faut vérifier ! Quand arrive le tour de l'identité de mon médecin traitant, ça coince : inconnu au registre national. Ça finit par s'arranger à la troisième tentative, j'imagine qu'elle s'était emmêlé les doigts en tapotant son clavier (faut dire que ma "médecine" n'est pas très coopérative : son nom est Kelgtermans).
Je peux enfin rejoindre ma "chambre" privée (y en n'a pas d'autres parce sinon, le prestataire ne peut pas encaisser de supplément d'honoraires). Là, une infirmière au fort accent slave mais néanmoins charmante, me demande de me déshabiller et d'enfiler la tenue standard de l'opéré.
"C'est pour l'œil droit" me dit-elle car elle doit elle aussi y mettre une goutte préparatoire.
"Non, c'est le gauche !" lui réponds-je du tac au tac, "D'ailleurs c'est dans celui-là que je me suis instillé tous les collyres prescrits".
Elle disparaît pour consulter qui de droit et revient confirmer que c'est moi qui ai raison : l'œil droit, ce sera pour mardi prochain : ils avaient oublié de tenir compte de l'annulation de la semaine précédente.
On me colle une perfusion et une goutte dans l'œil et on m'emmène dans le salle d'op. On me fait allonger sur la table et me caler l'occiput dans un creux, on me sangle les bras et m'immobilise la tête. Une infirmière tout en m'avertissant que celle-là pique un peu me fiche un goutte dans l'œil... droit ! Comme je lui fais remarquer que ça ne va pas aider pour l'opération du gauche elle dit "Oh, j'étais distraite!" m'en colle une dans l'œil gauche et me rince le droit (je me serais bien rincé l'œil moi même d'autant que la petite dame est charmante, mais j'avais les bras attachés !).
Les choses sérieuses se préparent, tout semble baigner dans l'huile jusqu'au moment où le praticien veut mettre le microscope/binoculaire/spot lumineux/caméra en place. Y'a quelque chose qui coince !
Ils tripotent l'installation , changent trois fois le câble (le point rouge vers le haut !) et, en désespoir de cause décident d'amener un autre appareil. Pendant tout ce temps, comme mes paupières sont maintenues ouvertes par un dispositif qui me rappelle Orange Mécanique, l'infirmière continue imperturbable à me rincer l'œil.
Finalement, les chose s'arrangent et on peut procéder.
Je vous épargne les détails, chères âmes sensibles (encore que ce ne soit pas douloureux).
Mais tout cela n'était rien. Comme je devais être à jeun, à la fin de tout, c'est le cas de le dire, ils m'ont filé... une Madeleine ! VDM...
Tandis que je vous écris les lunettes de traviole rapport à la coquille protectrice posée sur l'œil opéré (oui, oui, le gauche !) je me demande quelles aventures seront au menu mardi prochain...