Tout ça c'est la faute au bandit corse...
Vous connaissez tous les histoires belges. Mais connaissez-vous l'histoire belge ? Eh bien, elle aussi veut que l'on se frite !
Je ne vais pas remonter jusqu'au déluge, ni même jusqu'à la révolution brabançonne (encore que ce serait intéressant), je ne vais remonter que jusqu'au grand coupable de la bisbrouille linguistique nationale : Napoleone di Buonaparte.
Dans les territoires conquis par la France à l'issue de la révolution, les populations Flamandes et Wallonnes parlent des dialectes locaux. La bourgeoisie et la noblesse parlent le langage du souverain du moment. Elles sont bien entraînées : quand nous ne sommes pas espagnols, nous sommes autrichiens et quand nous ne sommes pas autrichiens, nous sommes français (sauf les Liégeois qui sont allemands).
Le premier-consul, puis l'empereur vont s'attacher à franciser les départements belges par des méthodes variées et imaginatives, supposant qu'une langue unique aidera à l'unification du pays. Cette action s'adresse bien évidemment par priorité aux classes dirigeantes et à la bourgeoisie industrielle naissante.
Si bien qu'à la chute de l'empire, lorsque les alliés vont constituer le royaume des Pays-Bas, ils vont associer aux provinces néerlandophones et protestantes du nord les provinces du sud catholiques et dont la classe dirigeante est francophone.
Le nouveau monarque, Guillaume premier d'Orange va mettre en œuvre la même politique linguistique que Napoléon : accès des postes directeurs de l'état, des administrations et de l'armée aux seuls néerlandophones. Ce qui, en plus des questions religieuses, ne manquera pas d'indisposer les Belges et va mener à la révolution de 1830.
Le nouvel état va donc se constituer en réaction à cette suprématie néerlandaise et se doter d'une constitution et d'une administration uniquement francophones. La constitution belge ne se verra dotée d'une version officielle en langue néerlandaise qu'en... 1967 !
Le mouvement flamand va naître de cette domination exclusive du français sur l'état belge (le néerlandais ne sera reconnu comme ayant la même valeur juridique que le français qu'en 1898), mouvement qui va obtenir en 1921 que le néerlandais devienne la langue officielle (dans l'administration, la justice et l'enseignement) de la partie flamande du pays.
Mais pendant très longtemps (et sans doute encore un brin aujourd'hui) le néerlandais sera snobé par les francophones, comme étant une langue de faible importance internationale et de peu de valeur culturelle.
Ce qui accentue aujourd'hui la division des deux communautés, c'est que si la Wallonie a été dès le début de la Belgique le moteur économique de l'état, grâce à son industrie lourde, la tendance s'est inversée aux alentours des années soixante et les Flamands, après avoir bénéficié de la solidarité nationale pendant cent-trente ans commencent à trouver saumâtre de "subsidier" les Wallons (chômeurs et fainéants) depuis cinquante ans.
La Flandre, pour prendre une comparaison italienne, est devenue une espèce de "Ligue du nord" qui voudrait réserver sa richesse à son usage exclusif, tout en refusant de lâcher Bruxelles (où, bien qu'étant très largement minoritaires, les Flamands bénéficient d'une minorité de blocage garantie) qui leur rapporte beaucoup plus qu'elle ne leur coûte, l'hinterland de cette ville s'étendant largement sur le territoire flamand.
Je crois utile de spécifier que ce sont les Wallons qui ont refusé, lorsqu'il eût encore été intelligent de le faire, d'ériger la Belgique en état simplement (pour ne pas dire "bêtement") bilingue. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, n'est-ce pas ?
On n'est pas sortis de l'auberge (espagnole) !