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Entre nous
3 juin 2008

À chaud

J'ai repris le titre de la catégorie parce que je trouve qu'il n'a jamais été plus approprié que dans la circonstance présente.

Le jour où j'ai commis l'entrée "Stupeur", j'ai reçu d'Agata, la compagne de mon fils, un mail inspiré non pas par le contenu de mon billet, mais par ses premiers mots et une expérience vécue le jour même par cette charmante jeune-femme.

Elle n'avait pas osé le poster en commentaire à cause de son langage direct et un peu cru, je n'avais pas osé vous le faire lire sans son autorisation. La question venant d'être réglée par mails, je vous livre la chose. Vous allez voir que cette délicieuse Varsovienne a l'indignation pour le moins vigoureuse. Je crains que cela vous change un tantinet de mon discours lénitif.

Eh bien, moi, ce matin, en m’en allant travailler, j’ai été saisie de stupeur et de tremblements aussi…

Comme à mon habitude, j’étais en retard. D’un pas pressé, je débouche de la rue des Fripiers et me dirige vers la Galerie de la Poste ou je prends le métro. Mon regard tout focalisé sur la construction du nouveau siège de débauche de notre belle capitale,  à savoir : le Casino de Bruxelles. Soudain, mon attention est détournée par un cri mi hargneux mi fourbe : "Tu vas foutre le camp de là !"   De la fumée s’échappe d’une couverture jaune. Le gars qui y était emmitouflé saute d’un des bancs qui se trouvent sur la place de la Monnaie, juste à côté de la Bibliothèque… il semblait y dormir. Il secoue ses fringues et jette la couverture par terre. Il s’éloigne un peu chancelant pendant qu’un autre gars gesticule et je déduis de sa posture que c’est lui l’auteur du très aimable : "Tu vas foutre le camp de là". Je suis un peu secouée… je n’ai pas vu le début de la scène… Une nana semble intervenir pour défendre le sdf. L’agresseur se dirige vers elle et la saisit par les épaules. Il n’a l’air ni belliqueux, ni répugnant. D’ailleurs, la nana ne se rebiffe pas du tout. Je ne les entends pas mais je déduis qu’il cherche une alliance ou qu’il cherche simplement à amadouer la Robinette des villes. Mais comme il y va ! Il accole carrément son front contre celui de son interlocutrice.  Je trouve le geste intime et donc osé, déplacé, limite obscène. L’agresseur tend sa main vers un point éloigné… La nana prend une posture de « oh mais ca alors »… Trois autres types s’approchent d’elle avec des oreillettes et des bloc-notes : c’était le tournage d’une caméra cachée…

Le sdf réajuste son gros bonnet de laine et se prépare à rejouer la scène. Le tout s’est joué sur 30 secondes… Je souffle de soulagement et poursuis ma route. Le temps d’arriver à l’escalator, je remets un peu d’ordre dans mes pensées et là… je suis de nouveau secouée, par un violent sentiment de colère ! 

BORDEL ! Comment peut-on faire des caméras cachées débiles à ce point. Comment peut-on même avoir l’idée de faire semblant d’incendier un type ?

Comment peut-on imaginer que ca va faire rire si on voit ca entre deux pubs ? D’autant plus que c’est le genre de conneries que RTL-TVI montre à des heures ou les gosses regardent la petite maison dans la prairie ou toute autre niaiserie…

Comment va-t-on expliquer à des petits cons en mal de limites qu’incendier des gens, ce n’est pas pour rire, ni leur sauter dessus à pieds joints lorsqu’ils gisent à terre, d’ailleurs… et que quand on rit aux dépens de quelqu’un, ce n’est pas de l’humour mais de la méchanceté doublée d’un total manque d’imagination !

Apres les téléréalités ou l’on se repaît du malheur et de la saleté des autres, après les jeux dont l’hypothétique attrait réside dans le fait de se faire publiquement traiter de con par la meneuse, après les cameras cachées ou l’on incendie les clochards, qu’est-ce qu’elle va nous proposer la télé ? C’était quoi déjà ce film « de science fiction », racontant le lancement d’une émission retransmise en direct par la télé où la délation était récompensée et où le candidat, un condamné à mort ou la réclusion à perpète se voyait « offrir  une chance» d’échapper à son sort lors d’une chasse à l’homme sans merci? La production n’avait pas lésiné sur les moyens : armes en tous genres, une armada de 4x4, un hélicoptère équipé de caméras, idem pour le fugitif, réseau de cameras dans la ville, façon London City… Mais oui…pourquoi pas ? Quand on voit quel succès a eu sur You Tube la vidéo de l’employé de la STIB qui se faisait réduire en bouillie par des crapules encore mineures, quand on sait que des gens sont capables de déchirer des bébés de leurs bites de sauvages, de dépecer des petites filles après les avoir tabassées et violées, quand on sait toute l’horreur dont l’humain est capable et pourtant si enthousiaste à se reproduire à l’infini, on peut bien imaginer que certains seraient prêts à payer l’abonnement d’ une chaîne privée qui offrirait ce genre de spectacle.

Dieu que je regrette le jour où j’ai quitté le monde de l’innocence.

Voilà, brut de décoffrage, je n'ai corrigé que les accents, la pauvre travaille dans une boîte américaine et n'est pourvue que d'un clavier qwerty. Bien, je vous laisse, j'ai encore quelques "mels" à échanger avec elle. Si elle entame un blog, je vous colle un lien...


 

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Commentaires
A
• Quand j'écris, c'est réellement dans le cadre d'un besoin pressant d'évacuer un trop plein d'émotion, plutôt que mue par un désir disons … esthétique. Vos blogs à vous sont tellement soignés, au propre comme au figuré, dans leur forme et sur le fond. Vous me semblez tous avoir tellement plus à raconter que moi. Vraiment… je suis étonnée et quand même un peu flattée aussi par cet intérêt inattendu. Je trouve cela presque dingue ! Merci :0).<br /> <br /> • Ouvrir un blog ? Je ne crois pas non… Je dois déjà lire tout ce qu’écrivent toutes ces personnes étonnantes que je découvre sur le net, y compris mon Joli Papa Walrus et échanger avec lui quelques mails très très importants. Ensuite, il me faut admirer tout ce qu’ont fabriqué en tissu, en bois, en laine, en pâte fimo ou en couleurs, toutes les nanas talentueuses qui peuplent la blogosphère (il y a plus de nanas qui font cela que de messieurs – non?)… Vous rendez-vous compte de ce que cela représente comme temps sur une journée ? Or, il faut encore que je mérite un minimum mon salaire… Ben oui, je fais tout cela depuis le bureau. Ben non, ce n’est pas possible depuis la maison. Je n’y suis jamais. La cause ? La popularité incroyable de mon amoureux. Je n’avais jamais connu avant lui un gars qui ait autant d’amis ! Il est le roi des diners, concerts, apéros, retrouvailles, anniversaires et autres joyeusetés du genre. Notre bottin téléphonique d’agenda social est très rock and roll. Y a des fois, je ne sais plus le vendredi ce que j’ai fait le lundi, tellement c’est dense (danse). Quand j’étais petite, ma maman disait que d’abord, il faut toujours faire l’indispensable et alors après, on a droit au superflu… Faut voir ce qui est indispensable pour qui évidemment. Pour mon amoureux, l’indispensable, c’est faire la fête avec ceux qu’il aime. Et pour moi, l’indispensable, avant, c’était que tout soit rangé, propre, repassé… Et j’avoue, y avait des jours, je m’emmerdais. Mais aujourd'hui, je suis une femme sous influences et l’ordre de mes priorités a un peu changé. Il m’arrive même parfois de rêver de ne pas sortir de chez moi ni de mon pyjama pendant 3 jours d’affilée. Donc… vu tout ce que je n’arrive pas à faire, tous les gens, que, malgré les efforts, je n’arrive pas à voir autant que je le voudrais, je ne peux envisager de m’engager dans une aventure comme un blog… C’est trop prenant si on veut bien faire les choses. Je ne sais que trop combien on attend parfois un post qui tarde à arriver, combien on est avide de nouvelles nouvelles. Si déjà il se trouvait assez de personnes pour lire ce que j’aurais à raconter, je sais que je ne pourrais pas « assurer »… Non, vraiment, je n’envisage pas cela du tout…<br /> <br /> • Combien ont eu du recul… ce serait effectivement intéressant de le savoir. J’aurais du demander quelle chaine tournait cela. On pourrait envisager de faire réagir les gens, les interroger sur ce qu’ils ont ressenti, via « Le Metro » par exemple, ou peu importe le moyen… D’ailleurs… peut-être cette scène était-elle destinée à cela… c’est une question que je me suis posée une fois ma colère un peu retombée… je ne sais pas…<br /> <br /> • Tout s’est déroulé très très vite… et il m’a semblé qu’il est apparu sans équivoque et très rapidement à tous ceux qui ont assisté à la scène qu’il s’agissait d’un tournage. Je ne pense pas que les gens en soient arrivés à un niveau d’indifférence tel qu’ils s’arrêteraient et assisteraient à un spectacle aussi cruel sans bouger le petit doigt. J’ai senti une tension importante et si l’agression avait été réelle, je veux croire que certains étaient prêts à bondir pour neutraliser l’agresseur, d'autres à enlever leurs vestes pour « éteindre » le clochard. C’est vrai que l’humain n’est pas forcément bon… il est capable du meilleur aussi… <br /> Bien à vous, <br /> Agata
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W
Je poserai la question à qui de droit, chère Kloelle.
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K
Et combien de passants qui ont regardé sans réagir ?
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C
Moi aussi, mais combien ont eu du recul...
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V
Moi aussi j'aimerais avoir le lien, si elle ouvre un blog.
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P
Heu, il y a un sdf qui a été assassiné de cette manière à Paris, il y a quelques années. <br /> <br /> Elle n'y va pas par quatre chemins non plus. Sa prose n'est pas de tout repos...
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L
Oh oui ! N'hésitez pas à me prévenir si elle ouvre un blog !
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