Bonjour !!!
Nous générons parfois des choses amusantes sans le vouloir. Ainsi, hier, le Papistache (je l'appelle souvent comme cela parce qu'il est unique et que je ne puis m'empêcher d'associer son pseudo au Scrameustache, ce personnage de BD extraterrestre autant que facétieux) le Papistache, donc se demandait sous mon billet consacré à Bruges comment on prononçait Schaerbeek.
Le néerlandais possède des sons longs et brefs et la règle pour les distinguer est assez simple : lorsque qu'une syllabe est ouverte (se terminant par une voyelle) le son de la voyelle est long. Si la syllabe est fermée (se terminant par une consonne) le son de la voyelle est bref sauf si la voyelle est doublée.
Dans Schaerbeek, les deux syllabes sont fermées mais les voyelles doublées. Les deux sons sont donc longs. Le ae se prononcera comme le a de "lard" en traînant un peu sur le a (le doublement du a par un e provient de l'ancienne façon d'écrire le néerlandais). Le ee est un e long et se prononce é comme dans "béquille" mais lui aussi allongé.
En gros, Schaerbeek se prononce donc "skârbék" (et pas skarbèk comme le font beaucoup de wallons).
Je dis "en gros" parce que la difficulté de prononciation de ce nom ne provient pas de ses deux syllabes longues et de l'écriture étrange du a double, mais bien du "Sch" initial, un son à mi-chemin entre "ch" et "sk", et qui semble être imprononçable pour une bouche francophone. Cette difficulté est telle que, selon la légende, elle servit aux "klauwaerts" flamands à distinguer les membres de la garnison française logeant chez l'habitant lors des matines brugeoises de 1302.
C'est là que se trouve la coïncidence entre la question de Papistache et la ville de Bruges : ces partisans de la gestion des villes par leurs habitants (par opposition aux "leliaerts", supporters du lys de France,) auraient demandé aux suspects de répéter l'expression "Schild en vriend" ("Bouclier et ami") et fracassé le crâne de ceux qui en étaient incapables d'un coup de "goedendag" (en Français "bonjour") une sorte de masse d'armes.
Raconté comme cela, ça fait humour macabre, d'appeler un casse-tête utilisé au petit matin "goedendag". Mais certains historiens pensent que "schild en vriend" est une déformation de "Des gilden vriend ?" (en français "Ami des guildes ?") le g flamand étant tout aussi imprononçable pour les francophones que le sch. Toujours est-il que cela a conduit au massacre de 1500 Français, ce qui mena à la bataille des éperons d'or où le fameux Goedendag fut à nouveau à l'honneur. Goedendag qui plutôt qu'une masse d'armes était en réalité une sorte de pique courte que les milices flamandes utilisaient pour atteindre le cou des chevaliers à la jonction entre le heaume et la cuirasse.
Qui a dit "Gloub !" ?