Tu déménages ?
Après avoir, vous n'aurez pas manqué de vous en apercevoir, déménagé au sens figuré toute mon existence, j'ai dû le faire au sens pratique.
Passer, après quarante ans d'occupation, d'un appartement à trois chambres, une cave de dimensions confortables, une buanderie gigantesque et deux garages à un autre à deux chambres, une cave minuscule traversée d'un pilier de béton et un emplacement pour voiture, ça n'a pas été de la tarte.
D'abord, nous nous sommes attaqués aux caves et aux garages. Il a fallu en éliminer une série d'emballages dont nous avions depuis longtemps liquidé le contenu : rien que cela a déjà bien occupé les éboueurs. Nous y avons aussi découvert des choses dont nous n'avions plus le moindre souvenir ni le moindre espoir d'utilisation, ce qui a surchargé les éboueurs. Ensuite il y a eu le bucht plus encombrant, de l'ancienne colonne de cuisine vermoulue aux ossatures de fauteuils divers et autre garde-robe désaffectée, là c'est notre fils qui a dû se coltiner trois camionnettes Transit vers la déchetterie.
Au bout de cette première étape, nous avions l'impression que rien n'avait progressé.
Après une rapide estimation de la nouvelle place disponible et du volume occupé par nos bouquins, nous avons opéré une sélection et avons donné mille cinq cents livres à Oxfam. Ils ont dû faire deux voyages avec leur camionnette 4L et nous avaient envoyé un gaillard plus âgé que moi et qui soufflait comme un phoque au moindre effort, ce qui nous a plongés dans l'angoisse de voir ce pauvre bénévole rendre son dernier souffle dans le hall d'entrée de notre habitation. Il a survécu. Maintenant que nous sommes à notre nouvelle adresse et toujours saturés de bouquins, nous hésitons à le rappeler.
Entre-temps, j'ai revendu mon exemplaire d'Encyclopedia Britannica 1968 pour vingt-quatre euros sur e-bay. Je n'y ai par contre pas trouvé d'acheteur pour mes deux Olympus argentiques.
Bon, j'en reste là pour aujourd'hui, je dois m'occuper des plombiers. Parce qu'à peine déménagés, nous avons déjà les plombiers chez nous, mais ça, c'est une autre histoire...