Guerre totale
Je parcourais l'autre jour un billet de Joye, ou Iowagirl, c'est comme vous préférez.
J'ai connu une autre Joye sur Fllf. Ou c'était la même. C'est peu probable, ou alors, elle a bien changé ! Mais passons...
Dans ce billet donc, elle nous décrivait l'invasion de son genévrier par un parasite ainsi que sa méthode personnelle d'éradication. Elle devait être vachement remontée car elle paraphrasait même en italien parfait l'Inferno de Dante pour défier l'envahisseur.
Et là, une fois de plus, un curieux souvenir m'est revenu.
Il fut une année où l'invasion des doryphores creva le plafond des prévisions les plus alarmistes. La chose devait se dérouler au début des années cinquante. Le monde agricole était en proie à la panique la plus totale et même le gouvernement avait failli s'émouvoir, c'est vous dire ! Car la Belgique sans patates, c'est la Belgique sans frites et ça, c'est impensable.
Le Journal de Spirou lui-même se fendit d'une annonce de mobilisation générale. On y voyait un gamin en culottes courtes suspendu à un parachute et armé d'une Sten balayant de rafales des armées de doryphores (c'était l'immédiat après-guerre et l'imagerie militaire avait très bonne presse : même les cahiers distribués par l'Education Nationale étaient décorés des célèbres hydravions Catalina).
Et, effectivement, dès leur retour de l'école, les gamins se répandaient dans les champs de pommes de terre armés de ... vieilles boîtes à conserve, y collectant les larves oranges de ce coléoptère débraqué en Europe en même temps que les Américains lors de la première guerre mondiale. Les bestioles ramassées étaient ensuite brûlées dans un feu de branchages. Et, le lendemain, c'était reparti. Vous voyez, Joye, que les méthodes d'éradication n'évoluent pas si vite que ça.
Aujourd'hui, on ne voit plus guère de doryphores, me semble-t-il.
Je crains qu'on ait subsitué à cet ennemi qui avait au moins l'élégance de ne pas se camoufler, de sournois pesticides cancérigènes. On n'arrête pas le progrès !