Maria
Non, je ne vais pas revenir sur mes amours enfantines. La Maria dont je parle aujourd'hui, c'est cette charmante dame portugaise, j'irais bien jusque mignonne (fofinha), qui vient chaque jeudi matin entretenir notre appartement et faire le repassage (oui, tout ça en quatre heures, elle est drôlement efficace !).
Elle est efficace... et chaleureuse (comme le sont souvent ses compatriotes) !
La maman d'Agata, à qui nous l'avons adressée lorsqu'elle cherchait un femme à journée, dit, un peu comme un reproche, qu'elle aime bien parler. Mais ce n'est vrai que si c'est aussi votre cas, si vous voyez ce que je veux dire : chez nous, si nous n'engageons pas nous-mêmes la conversation, elle œuvre en silence...
Bien sûr, si on lui en donne l'occasion, elle se révèle charmante, curieuse de tout et émerveillée d'un rien, ne serait-ce que de constater grâce à mon épouse que les tulipes coupées continuent à grandir dans leur vase ou qu'on peut faire refleurir les orchidées en en retaillant les tiges. Un vrai bonheur.
Compatissante aussi : depuis que nous l'avons recommandée à notre voisine de palier, une dame de plus de nonante ans un "brin" misanthrope et mal portante, elle y va trois fois par semaine et se fait un sang d'encre à la moindre alerte de cette femme qui la paie comme femme à journée et l'utilise comme dame de compagnie/chauffeur.
Bref, une perle !
Avec ces personnes* que nous payons avec des titres-services fiscalement déductibles, une chose m'a toujours tracassé dans nos relations.
Ces dames se présentent donc chez nous. Nous essayons de leur faire un accueil chaleureux et leur expliquons ce que nous attendons d'elles.
Elles démarrent leur boulot et, tandis que nous nous adressons à elles en utilisant leur prénom, elles s'adressent à nous en nous filant du "Madame" ou "Monsieur".
Pourquoi ? Si d'aventure (en aventure) je croise une dame dans la rue ou une vendeuse en magasin et que je dois lui parler, je la vouvoie et je l'appelle Madame. Pourquoi n'est-ce pas pareil avec notre femme à journée ? Pour bien lui faire sentir que le temps où le personnel de maison était traité en esclave n'est pas complètement révolu ?
C'est insensé non ?
Jeudi, plutôt que "Bom dia Maria!", je lui dis "Bonjour Madame !"
Rien que pour voir sa tête !
N'empêche, ça me tracasse cette question (et ça me rappelle ce film où un personnage dit: "Appelle-moi Boris !")
* Nous en sommes à notre troisième : la précédente était une jeune maghrébine elle aussi très efficace mais beaucoup plus réservée, même si un jour elle m'a laissé manipuler son bras pour lui prendre la tension, la précédente encore, une dame d'origine congolaise un (gros) brin moins motivée.