Regrets tardifs
Hier, mon épouse me charge d'aller acheter de la litière pour le chat pendant qu'elle est chez son kiné.
Tandis que je roule vers le magasin ad hoc, j'écoute une émission sur les humoristes, avec les questions habituelles, vous savez : peut-on rire de tout etc...
Comme j'ai le temps, j'attends la fin de la chose (et de l'histoire de Pierre Kroll à qui un confrère français demandait "Vous y allez parfois fort avec votre roi, vous n'avez pas d'ennuis avec le Palais ?" à quoi le dit Kroll avait répondu "Fort avec notre roi ? Nous ne l'avons pas encore décapité, nous !")
J'attendais donc dans ma voiture devant le magasin lorsqu'un individu vient tapoter à ma vitre et me fait comprendre par signes qu'il voudrait me parler. Je le vois venir mais entrouvre néanmoins ma portière.
Et là, gagné ! Laïus aussi classique qu'embrouillé où il est question de téléphone et de cinquante Cents.
Je ne pense pas à lui proposer d'utiliser mon portable juste pour voir sa tronche, c'est fou ce que je vieillis ! Et je lui résume donc, plongeant la main dans ma poche, ce que j'ai retenu de sa tirade hésitante : "Vous voulez cinquante Cents ?"
C'est là que j'ai vu qu'il avait des regrets, peut-être même des remords. Il a dû penser que pour une fois qu'il tombait sur un con, il aurait dû demander plus et a d'ailleurs tenté un "Oui, ou un Euro..."
Mais il est reparti avec ses cinquante Cents dans la direction opposée à celle où il indiquait lors de ses explications le prétendu poste téléphonique (lequel n'accepte que des cartes ou des jetons), ressassant sans doute le vers célèbre : "La peste soit de l'avarice et des avaricieux !"