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Entre nous
21 juillet 2011

Fiesta belga

Aujourd'hui, c'est la fête nationale de mon pays à vau-l'eau. On ne voit pas très bien ce qu'il y a à fêter, mais on le fête quand même, on ne sait jamais. Le Belge n'est pas à un illogisme près !

J'en étais à me demander quelle pouvait bien être ma nationalité, moi qui suis né d'un père flamand et d'une mère wallonne pendant l'occupation allemande, lorsque le speaker de Klara (la chaîne musicale classique néerlandophone) a parlé de Mozart. Sur la chaîne culturelle flamande, on est regardant sur les prononciations d'origine : on dit " Môtzart' ". On y fait aussi confiance à la large culture des auditeurs de la chaîne : on ne traduit pas les interviews faites en français ou en anglais, même si ça peut paraître étrange dans un pays(?) où la question linguistique fout la m... à plein pot. Ce qui m'a un jour valu d'entendre sur la même chaîne l'interview en VO (en français mâtiné de portugais) de l'archévêque de Recife, mais passons.

Ce " Môtzart' " m'a subitement rappelé que le premier spectacle dont j'ai gardé le souvenir est le Werther de Massenet. Quand je dis souvenir, c'est vraiment très vague (j'avais forcément moins de trois ans) : un personnage en habit verdasse se lamentant dans un décor fade sur la scène du Palais des Beaux-Arts de Charleroi.

Mes parents m'ont raconté qu'à cette occasion, j'avais frappé fort : je me serais écrié : "Oh, des Boches !" lorsque deux officiers allemands étaient venus s'installer dans les sièges devant les nôtres. Ils se seraient retournés en souriant et auraient murmuré :  "Ne vous inquiétez pas, ce n'est qu'un enfant !"

Et après ça, Adrienne voudrait que j'aime l'opéra !

Werther


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3 juillet 2011

Toone

"Il va nous parler de marionnettes !" s'écrieront sans doute quelques connaisseurs du folklore bruxellois (à ce propos, vous savez que c'est l'Ommegang cette semaine. Oui, bien sûr, j'aurais dû m'en douter !). Mais ils auront tort !

Du temps où, à mon boulot, la population était exclusivement masculine (en dehors des secrétariats), nous voyons un jour débarquer notre chef de service (un petit plutôt enveloppé) flanqué d'un grand échalas dont il nous annonce qu'il l'a enlevé des labos de Monsieur B... pour le coller dans le nôtre.

Je n'ai pas l'heur de le connaître, mais les plus anciens de mes collègues le saluent d'un retentissant "Ah, Toone, comment ça va ?" Normal, le mec se prénomme Antoine et à Bruxelles, Antoine, c'est "Toone".

Si je ne le connais pas, je vais vite apprendre à le faire et le personnage est étonnant : il cumule avec sa fonction de chimiste celles d'entraîneur (je sais mon français est vieillot, maintenant on dit "coach") d'une équipe de basket féminine, d'épicier (ce qui nous vaudra d'être approvisionnés en légumes divers en provenance directe du marché matinal) et d'antiquaire. Bien sûr, tandis qu'il sévit chez nous, c'est son épouse qui tient l'étonnante boutique combinée. La revue Gault et Millau de l'époque renseigne d'ailleurs l'établissement dans sa rubrique "Endroits typiques" en conseillant de s'y rendre en soirée pour voir (je cite texto) "surgir une sorte de Mort Shuman des bords de la Woluwe".

Il passe donc quelques mois chez nous, partageant son temps entre la mise au point d'une centrifugeuse censée mesurer la distribution de la taille des particules des latex de PVC et un instrument à bulles prétendant mesurer la tension superficielle des dits latex. Si la machine à bulles est silencieuse, la centrifugeuse, elle, mène un tel raffut qu'on lui réserve une pièce que l'on doit quitter pendant qu'elle tourne.

Toone est, entre autres, réfractaire au port obligatoire des lunettes de sécurité qui viennent de faire une entrée remarquée dans les laboratoires. Cette attitude lui vaut des menaces de réduction de sa prime de fin d'année de la part de notre chef de service (avec lequel il est par ailleurs copain comme cochon, vu qu'il l'a logé chez lui durant ses études universitaires), menaces que nul ne peut ignorer,  proférées qu'elles sont de la voix criarde et perçante du dit chef.

Arrive la fin de l'année et le temps béni des évaluations puis de l'annonce des éventuelles modifications de salaire et autres primes de fin d'année. Et qui qui redescend de chez le chef, le sourire jusqu'aux oreilles annonçant avec satisfaction qu'il a reçu un supplément de prime ? Toone !

La foule s'émeut quelque peu d'apprendre la chose alors que son attitude face au port des lunettes ne s'est pas modifiée d'un iota et commence à crier à l'injustice. Comme ils sont assez remontés, je dois bien m'enquérir auprès de ma hiérarchie de la réalité de cet étonnant miracle. Ce qui a pour effet une fois le téléphone raccroché, de faire surgir la dite hiérarchie qui tombe sur le râble du Toone, nous permettant d'assister médusés à l'étonnant dialogue hurlé suivant :

- Je ne t'avais pas dit de ne rien dire, Antoine ?
- Bah, ça m'a échappé, c'est pas grave !
- Si c'est grave ! Tu dois toujours faire marcher ta grande gueule !
- ...
- D'ailleurs je me demande si tu ne l'as pas fait exprès pour emmerder tes copains.
- Moi ?
- Oui, toi, c'est toujours la même chose avec toi. L'autre fois tu as dit à B... qu'il était con !
- Ben quoi, c'est pas un con B... ?
- Si, c'est un con B... , mais il ne faut pas le lui dire, surtout si c'est ton chef !

Ben voilà, on le savait maintenant pourquoi il avait débarqué chez nous le Toone!

Malheureusement je n'ai pas retrouvé de photo de lui, mais j'en ai une de Mort Shuman :

Mort Shuman


25 mars 2011

Un jour, j'ai eu mal aux dents

... ce n'était peut-être même qu'à une seule. Mais c'était l'enfer ! Je m'en souviens encore. La preuve : je vous le raconte.

Je crois que je n'ai rien connu de pire ni avant, quand je m'étais fracturé le poignet ou que j'avais dû faire demi-tour sur le chemin de l'école plié en deux par une crise d'appendicite aiguë, ni après, lorsqu'une hernie discale m'a envoyé sur le billard.

Non, rien de comparable à ce mal sourd, lancinant, continu qui vous vrille, vous taraude et vous fait "la tête comme un seau".

C'est vous dire si j'ai eu la vie dure...

Un jour, j'ai eu mal aux dents...

C'est la plus grande douleur qui, à ce jour, me soit advenue. Je suis gêné d'avoir à le confesser.

Autour de moi, des nuées d'êtres souffrent le martyre dans tous les domaines de leurs pauvres existences et moi, un jour, j'ai eu mal aux dents. Vous vous rendez compte ?

Oui ?

Moi aussi !

dent


15 février 2011

Qu'est-ce qu'on est con quand on est jeune ! (Et ça ne s'arrange pas avec l'âge, croyez-en ma douloureuse expérience...)

Comment ça m'est revenu ? En voyant sur le côté droit de mon écran la photo d'un corbillard à l'ancienne mode, vous savez, celui des funérailles d'antan qui suivait la route en cahotant.

P1020346

Nous venions juste de déménager, mes parents et moi (et mon frère puîné). Il neigeait et faisait un froid de canard.

Dans mon nouveau patelin d'adoption, on venait de rapatrier la dépouille d'un soldat mort pour la patrie Dieu seul sait où sur le théâtre des opérations (et même, plus vraisemblablement, dans un quelconque stalag).

Avec mes copains d'école, nous faisions la haie, stoïques sous les flocons et la morsure du petit vent glacé.

Au pied de l'escalier menant à l'église (dont la toiture du clocher était dangereusement de guingois), toute la population du village avait fini par se rassembler, puisque les personnes disposées le long du trajet du cortège funéraire s'étaient intégrées à ce dernier au fur et à mesure de sa progression.

C'est donc là que nous avons eu droit aux discours de circonstance prononcés par quelques édiles communaux et autres présidents d'association d'anciens combattants ou prisonniers de guerre.

Au sortir de la guerre, en pleine question royale, on ne lésinait pas sur le patriotisme et les morts au champ d'honneur étaient encensés, portés aux nues même.

Pris par l'ambiance du moment et emporté par ma candeur naïve ( je sais que c'est un pléonasme, mais c'est pour me mieux faire entendre), je n'étais pas loin de jalouser le héros du jour lequel ne pipait mot, engoncé qu'il était dans son uniforme d'apparat en chêne massif.

Aujourd'hui où quelques enragés se verraient bien transformer ma ville en nouvelle Sarajevo, je me demande si cette exaltation n'était pas un brin surfaite. Qu'est-ce qu'on est con quand on est jeune ! (Et ça ne s'arrange pas avec l'âge, croyez-en ma douloureuse expérience...)

Dison02


17 janvier 2011

La Diane

Six heures moins le quart. Dans le coin sud-est de la chambre "le bruit" me signale que dans un quart d'heure le réveil va se déclencher. Ben oui, mon réveil-radio est réglé sur six heures, comme au temps béni où je devais me lever pour partir au boulot.

Ce "bruit" ne se produit qu'en période de chauffe. C'est une sorte de "tic..... tic.... tic... tic.." dont l'intensité diminue au fur et à mesure que sa fréquence augmente. Il doit provenir de la dilatation des tuyaux du chauffage central, même si le radiateur de notre chambre est toujours fermé. Comme il apparaît toujours à la même heure, je conclus que dans un des appartements voisins quelqu'un a installé un balbutiement de domotique enclenchant le chauffage à cet instant.

En l'oyant ce matin, je me suis subitement souvenu de mon ex-collègue et néanmoins ami, Jean. Pour être plus précis, ayant plusieurs ex-collègues et amis prénommés Jean, je dirai qu'il s'agit de ce Jean qui riait jaune lors de la visite d'Arthur.

Ce mec avait un bagout de Dieu le Père (bien qu'il se déclarât agnostique). Ainsi, le matin, il s'emparait de "La Lanterne" de Léon ("La Lanterne" était le journal local bruxellois de l'époque) et nous faisait la "lecture" de l'épisode du jour du feuilleton. C'était désopilant parce que cette lecture quoique faite sur un rythme régulier, s'éternisait et était truffée de détails en tout genre et souvent salaces totalement étrangers à l'intrigue.

J'ai pensé à lui parce qu'il avait aussi complété la légende du Dahut. Vous connaissez bien sûr : la bestiole gambade au flanc des Puys en tournant dans le sens trigonométrique, ce qui fait que ses pattes gauches sont plus courtes que les droites et que pour le chasser il suffit de le laisser passer puis de crier "Oh Dahut !". Il fait alors demi-tour pour voir qui l'appelle et il tombe.

Jean l'avait amélioré ainsi :

Bien entendu, vous ne verrez le dahut tourner sur son Puy qu'à la belle saison, car pour la saison froide, il quitte la Massif Central pour venir hiberner dans le chauffage central. Il est alors appelé "pied'quin" et vous pouvez entendre son cri si caractéristique se répercuter dans vos radiateurs : "Roubouloulouglouglou !"

Dahut


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15 janvier 2011

Mon Vieux

L'autre jour (le temps passe si vite que j'ai déjà oublié le jour exact, mais pas les circonstances : c'était sur le viaduc de Vilvoorde en me rendant chez Makro), l'autre jour, donc, un animateur de la RTBF interviewait Daniel Guichard et, immanquablement, nous avons eu droit à cette émouvante chanson.

Laquelle chanson m'a fait souvenir de mon propre père que, sauf dans le titre de ce billet et contrairement au chanteur pour le sien, je n'ai jamais appelé "mon vieux". Je crois d'ailleurs que l'expression était peu usitée en Belgique francophone à l'époque de la sortie de la chanson. J'ai, de ma naissance à sa mort, toujours appelé mon père "papa" : on peut donner du "Monsieur" et du "vous" à son père, pas à son papa.

Bien sûr, à l'instar de Guichard, et comme tout un chacun j'imagine, je dois bien avoir à me reprocher, au temps de mon adolescence, l'un ou l'autre moment d'énervement ou d'incompréhension à son égard, mouvements qu'il ne méritait certainement pas : je n'ai guère connu d'individus aussi calmes et pondérés que lui. En l'évoquant, j'ai parfois des doutes sur la fiabilité de l'hérédité : ma façon d'élever mes propres enfants ne semblait rien devoir au calme olympien de mon paternel.

Il avait des principes : chez nous, pas d'achat à tempérament, on épargnait avant d'acheter, quelle qu'ait pu être la vigueur du désir. Là aussi l'hérédité me questionne, moi qui ai souvent vécu "en avance sur mon temps" comme j'en plaisantais volontiers moi-même.

Immigré économique de deuxième génération (sa mère avait déménagé de la région d'Anvers vers celle du Centre après la première guerre mondiale) il était devenu électricien, habile de ses mains, intelligent mais peu passionné de culture (entre son boulot, son jardin, sa maison, ses enfants où aurait-il trouvé le temps de lire ?)

Bref, un père aimant bien que taiseux, fiable, droit, serein, toujours présent. Quand, parcourant ces blogs où percent des enfances difficiles, je pense à lui, je me dis que j'ai été pendant longtemps bien inconscient de croire qu'une jeunesse heureuse est dans la nature des choses, sans trop me demander ce qu'elle a pu coûter à ceux qui me l'ont offerte.

De temps à autre, suscitant mes souvenirs, son image apparaît, fugace, au bord de mon écran. C'est la seule de lui qui figure sur mon ordinateur, résultat de la numérisation (pour je ne sais quelles raisons) d'une diapositive. C'est une image de vacances à la mer du Nord. Il est encore jeune, plus que je ne le suis moi-même aujourd'hui. Mais ce pourrait être n'importe laquelle de ses photos, il y serait pareil à lui-même : serein.

Scan034

Et ne la ramenez pas avec l'hérédité, je sais, il avait des cheveux, lui !


22 novembre 2010

Quinze (et une chasse)

Dans mon micro-réseau blogosphérique (les déplacements y suivent-ils les lois de la trigonométrie sphérique ?), un jeu a actuellement la cote : il s'agit de citer les quinze auteurs qui ont le plus marqué votre vie.

En remontant la chaîne des tags, je suis finalement tombé sur ceci sur le blog de Margotte :

En réponse au tag de Lali, voilà les 15 auteurs a qui je dois ma voracité littéraire… et qui m'accompagnent encore

Mais j'ai eu beau explorer le blog de Lali, je n'ai pas trouvé trace de l'origine du fameux "tag".

La dernière en date à y avoir répondu est Adrienne... et elle ne s'est pas contentée d'une liste. Son texte est un vrai bonheur. Tenter de faire mieux, ou ne fut-ce que de l'égaler, serait pure présomption. Je me contenterai donc de faire nettement moins bien.

Une bonne moitié des auteurs cités par tous ces blogamis me sont absolument inconnus ce qui est en soi réjouissant : la richesse de la littérature est telle que les quelques milliers de bouquins que j'ai lus ne sont qu'une goutte d'eau à côté du nombre de ceux que j'aurais pu lire (si j'avais choisi les bons, parce que je ne vois pas très bien où je serais allé cherché le temps d'en lire encore plus).

Parlons donc des seuls que je connaisse : ceux dont je me souviens parmi ceux que j'ai lus.

Si la Comtesse de Ségur m'a marqué, c'est de façon négative car je ne suis tombé pour ma première lecture sur aucune de ses œuvres tellement célèbres que même moi j'en connais les titres à défaut de les avoir lus. Non, je me suis farci "Histoire de Blondine, de Bonne-Biche et de Beau-Minon" un ramassis d'horreurs avec peaux de bêtes pendant dans des placards que même Poupoune ferait mieux comme conte de fées. Exit la Comtesse donc !

Le premier auteur que j'ai lu est un collectif. En effet, dans ma petite enfance, le seul "livre" présent à la maison était... Le Petit Larousse ! Je me promenais dans ce machin comme je le fais parfois aujourd'hui sur le net : au hasard (mais le hasard existe-t-il ?) des liens et des références.

Ce n'est pas comme ça que ma liste va progresser, me direz-vous. Bon, d'accord ! Je vous cite d'abord le premier auteur que j'ai lu avec passion : Thomas Mayne-Reid et son "Les exilés dans la forêt" un monde étrange et inconnu où un couple de grands bourgeois et leurs enfants fuyant je ne sais quelle révolution survivent à travers l'Altiplano et la forêt amazonienne grâce à l'aide d'un indien tout en continuant à se donner du "mon ami" et du "mon amie". Rien que ça vous change de votre vie au sein du "Pays Noir".

Mon "auteur" suivant fut Jigé et son extraordinaire vie de Robert Baden-Powell parue en feuilleton et en images dans le journal de Spirou.

Après cela, j'ai lu des centaines de livres des collections pour la jeunesse, livres écrits à l'intention des jeunes ou versions adaptées d'auteurs pour adultes. Glissons.

Un jour, dans le secondaire, devant préparer une élocution sur un auteur "moderne" j'ai acheté un bouquin intitulé "Saint-Exupéry par lui-même". C'était tellement bien foutu qu'au bout de plusieurs années j'ai fini par acheter et lire tout Saint-Exupéry et à peu près tout ce qui est paru à son sujet avant 1980.

Tant que j'en suis à ces auteurs dont j'ai tout lu, je citerai donc Amélie Nothomb (avec plus ou moins de plaisir selon les cas) et Daniel Pennac (ah, la tribu des Malaussène !).

Viendront ensuite ceux dont j'ai presque tout lu : Erik Orsenna (ah, Madame Bâ !), Jacqueline Harpman (Moi qui n'ai pas connu les hommes). Je passe sous silence, bien qu'ils appartiennent à la même catégorie toute une chiée d'auteurs de polars et je ne vous parle pas de la littérature fantastique sauf pour en extraire Jean Ray, Edgar Poe et Mary Shelley.

Il y a aussi ces livres improbables comme ce "Conquêtes et problèmes de la science contemporaine" écrit par Bernhard Bavink entre les deux guerres mondiales, trouvé chez un bouquiniste et qui, tout dépassé qu'il fût pour le côté technique, n'en posait pas moins très clairement les problèmes de l'éthique scientifique, ce qui ne m'a pas empêché de le mettre aux vieux papiers lors de mon déménagement.

J'ai même tâté de l'un ou l'autre philosophe comme André Comte-Sponville.

Quoi ? Il en manque encore trois ? Allez, en vrac et pour mille mauvaises raions : Gore Vidal (et son Julien), Umberto Eco (j'ai bien aimé "Lector in Fabula") et... Amin Maalouf tiens !

Que tous les autres que j'ai aimé, passionnément, m'excusent à défaut de me pardonner.


23 octobre 2010

Jean

Hier, mon épouse et moi nous trouvions chez Makro pour y faire des courses, fête d'anniversaire oblige.

Au rayon vins (où aurait-ce pu être d'autre ?), je l'aperçois. Il lève la tête, me regarde l'air incrédule, puis me sourit. Il pousse vers nous son charriot contenant en tout et pour tout un pack d'Orval et une caisse de Médoc (non, Monsieur, le mien ne contenait à cet instant qu'une rame de papier A4, parfaitement !) et s'arrête à notre hauteur. Des années que nous ne nous sommes plus rencontrés.

Le moment de surprise passé, nous échangeons les informations d'usage entre personnes de nos âges :

  • perte de pancréas et le traitement subséquent
  • ablation de prostate
  • débouchage des uretères
  • traitement par cortisone de HSF
  • ennuis de genoux
  • charcutage d'urgence de hernie discale
  • aventures avec le SAMU
  • transfusions  sanguines
  • régimes alimentaires stricts et les entorses y afférant

Bien sûr, nous avons négligé quelques détails (phlébites, hypertension, vue qui baisse, poids qui monte, etc) pour enfin constater que pour l'instant : tout baigne !

Nous sommes tous deux chimistes et nous travaillions pour la même société. Quand nous nous sommes connus, il dirigeait les groupes d'intervention (électricité, tuyautage, etc) je faisais dans l'analyse par rayons X. La chimie mène à tout !

Je lui ai fait découvrir le squash (mal m'en a pris, après deux semaines il m'écrasait régulièrement malgré qu'il fût de cinq ans mon aîné). Nous sommes devenus amis. Chaque matin je passais le saluer dans son bureau tout en prenant un thé à la menthe préparé par Momo, un de ses ouvriers.

Un jour, il m'a parlé des problèmes de gestion du garage que tenaient sa fille et son beau-fils. J'ai proposé de lui écrire un programme en dBase (compilé sous Clipper). Au début, ça fonctionnait bien : il me décrivait les écrans de saisie désirés, les rapports à établir, je construisais les tables nécessaires et le mécanisme d'exploitation sous-jacent. L'ennui, c'est que nous faisions ça chez lui quelques soirs par semaine et qu'après l'apéro et le petit dîner arrosé de Larose-Trintaudon (son Médoc favori),  tandis que nos épouses discutaient au salon, nous n'avions plus les idées très claires ni beaucoup de temps disponible pour la programmation. J'ai donc décidé d'achever la chose chez moi, ça a tout de suite progressé plus rapidement. Certainement un des rares programmes où la gestion de stock autorisait l'introduction "en stoemelings" de pièces de récupération !

Mis en appétit par le bon fonctionnement de la chose, il m'a ensuite demandé de lui écrire un petit machin pour gérer son boulot professionnel en attendant que les mecs du département informatique le fassent dans SAP. En quelques semaines, je lui ai écrit un programme qui gérait tout : demandes de travail, pointages du personnel, gestion des contrats de sous-traitance, gestion du stock, facturation des travaux etc, etc. Cela a tourné pendant quatre ans au cours desquels il connaissait au jour le jour ce que la comptabilité officielle lui apprenait après deux mois avant que les mecs du SAP ne pointent leur nez.

Entre temps, nous avons joué au squash, participé à des tournois, séjourné en Bourgogne (ah, le Bâtard-Montrachet et le Saint-Aubin !), vécu des soirées mémorables. Son épouse s'appelle Hildegarde, une dame délicieuse, aussi calme et gentille qu'il est soupe au lait, vraiment bien assortis, oui !

Pour conduire ma fille à son mariage, j'ai eu droit à une BMW bicolore à plancher en bois et phares sur les garde-boue. Jean et son beau-fils avaient dû monter d'urgence la nuit précédente une pompe à essence électrique pour la faire démarrer.

Un jour, il a quitté la société, nous nous sommes encore vu deux ans puis, pris par ses nouveaux boulots, il a disparu.

Hier, je lui ai donc filé nos numéros de téléphones, il va nous rappeler : un de ses petits-fils a ouvert un resto dans le Brabant flamand. Encore quelques entorses à quatre régimes en vue !

Kampenhout


30 septembre 2010

Bruges la morte

À la lecture du titre et vous rappelant mon billet précédent, vous vous dites sans doute : "Bon, il va nous parler de Charleroi !"

Eh bien détrompez-vous, je vais bel et bien vous parler de Bruges, cette "Venise du nord" connue dans le monde entier, même en France, c'est vous dire...

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La dernière fois que j'y suis allé, c'était en septembre 2002, l'année précédant la saga hospitalière qui allait m'occuper durant trois ans. Tiens, du coup, je vous montre un bout de l'hôpital Saint Jean.

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Nous y avions donné rendez-vous à des amis à qui nous voulions faire découvrir le soir un restaurant situé dans la campagne voisine : l'auberge "De Herborist" une sorte de table d'hôte gastronomique installée dans une ancienne fermette ou pavillon de chasse. Nous avons donc passé l'après-midi en ville.

D'abord, côté Venise, faut pas rigoler ! Elles n'ont en commun que d'avoir eu un passé bien plus glorieux que leur renommée actuelle. À part cela, il y a bien un canal avec quelques embranchements à Bruges (l'inverse serait étonnant pour un ancien port) mais rien de comparable avec Venise quand même.

Bien sûr, c'est une jolie ville, surtout grâce au fait que les constructions plus récentes ont été bâties dans un style "néo-ancien" disons. D'où un semblant d'homogénéité dans le décor du centre-ville. Si tout cela vous passionne, j'ai un excellent bouquin de Roels-Jacob sur la question.

Ce qui est remarquable à Bruges, c'est que durant la journée, les rues sont noires de monde et que dès le crépuscule, tout le monde disparaît, la ville est à vous, il n'y a plus dans les cafés que quelques autochtones et vous pouvez même user gratuitement de leurs toilettes : les Madames pipi (cette étonnante tradition belge) sont rentrées chez elles, fortune quotidienne faite. La ville mérite alors le surnom que lui avait donné Georges Rodenbach : "Bruges la morte". Raison pour laquelle, à l'instar d'Erik Orsenna, je lui préfère Gand qui vit aussi la nuit.

bruges2 PICT0013 Bruges

Lors de cette visite, la grand-place était occupée par une exposition... de fruits et de légumes, ce qui va me permettre de faire voir à MAP un ours blanc (l'ours figure dans les armes de la ville de Bruges), elle qui regrettait que je n'aie pas continué mon reportage sur ma visite au zoo d'Anvers (où je n'ai d'ailleurs pas vu d'ours, ni blanc ni vert).

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Maintenant, si vous décidez d'y aller voir, je ne suis pas certain que vous y verrez la même chose que moi...


19 août 2010

Rencontres

Dans la foulée de mon dernier billet et de certains commentaires qu'il a suscités, je me suis replongé dans mes souvenirs.

Il fut une époque où la cellule de laboratoire dans laquelle je sévissais avait énormément de contacts avec les usines du groupe. Nous recevions donc régulièrement des "stagiaires" en provenance des labos de ces usines. J'ai toujours eu une grande admiration pour ces gaillards qui se frottaient au quotidien à des tas de techniques analytiques différentes alors que nous n'étions que des spécialistes d'une branche bien particulière de ces dernières. Mais là n'est pas mon propos.

Ces visiteurs passaient souvent plusieurs jours chez nous. Comme je pensais qu'ils devaient trouver le temps long le soir dans leur hôtel, je décidais de les inviter à venir souper (dîner pour les Français) une fois (pour les Belges) à la maison au cours de leur séjour.

Mon épouse qui, à l'époque, sillonnait le pays pour enseigner aux aveugles un tas de petits trucs pratiques susceptibles d'augmenter leur indépendance et de leur faciliter la vie, se chargeait en plus de faire les courses puis la cuisine.

Nous en avons reçus pas mal et chaque fois la magie agissait. Au bout de quelques minutes, notre visiteur se sentait à l'aise au milieu de nous et de nos enfants (quand il n'y avait pas un autre invité de passage) et la soirée se déroulait en bavardages et rires. Françoise a le chic pour accueillir les gens.

La langue véhiculaire de notre groupe multinational était l'anglais (basique) et je devais souvent traduire pour mon épouse qui ne pratique que le français. Il ne s'est cependant jamais trouvé personne parmi nos visiteurs qui ne baragouinait pas quelques mots de notre langue. Même Reed qui venait du labo de Houston avait eu une nounou créole dans sa jeunesse à la Nouvelle Orléans. Du coup son français (très limité) avait des accents aussi étranges que son anglais "made in Texas", je me souviens que Françoise lui avait fabriqué des truffes au chocolat pour sa mère.

Malgré le boulot que cela lui coûtait, c'est Françoise qui évoque le plus fréquemment, et avec nostalgie, ces moments de convivialité et d'échange. Je crois que son favori était un Espagnol, Ruesga, il avait effectué un séjour assez long et nous l'avions emmené à Bruges. Son mot favori dans notre langue était "magnifique" qu'il prononçait mag-nifique et dont il usait aussi bien pour les paysages que pour la cuisine ou les vins.

Ah, les rencontres, vivement la prochaine !


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