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Entre nous
1 août 2008

Do you need some help ?

Dites-moi donc ce que ceci peut bien avoir à faire avec une certaine Janeczka.

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Enfin, moi ce que j'en dis, c'est juste pour aider...


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12 juillet 2008

Vive la mariée !

Mariage2En parcourant le blog de Val et ses aventures pré-convolantes, une petite histoire m'est revenue...

Lorsque nous étions encore très jeunes, très très cons et très très très méchants, un de nos collègues, appelons-le Dupont, d'ailleurs je crois que c'était son nom, épouse une demoiselle. À l'époque, ça se faisait beaucoup d'épouser des personnes du sexe opposé.

Le jour de la cérémonie, nous l'attendons à la sortie de l'église du patelin de la mariée et tandis que nous balançons du riz à tour de bras (aujourd'hui, avec la montée du prix des denrées alimentaires, on y regarderait à deux fois), nous poussons discrètement vers lui le fils de l'un d'entre nous.

Nous avions soigneusement drillé le gosse âgé d'environ deux ans et il s'accroche au pantalon à rayures du marié en criant "Papa ! Papa !"

Croyez-moi, ou pas, ça a jeté comme un froid ! Je crois même que nous étions les seuls à rire et notre copain, retour de voyage de noces, nous a fait la gueule quelques jours. Quel râleur !

Malheureusement, je n'ai pas pour l'instant d'acteur en culottes courtes sous la main, La Rochelle est à huit cent kilomètres et Val va être sur ses gardes, maintenant !


4 juillet 2008

Auto stop

AutoAlors que, sur ordre de Janeczka, je photographiais mon ancienne école primaire, une voiture s'arrête devant moi. La passagère baisse sa vitre et me demande "Une petite photo s'il vous plaît". J'obtempère tandis que le conducteur me note son adresse e-mail sur un bout de papier.

Et une histoire ancienne me revient en mémoire.

Il fut une époque où avec quelques collègues, nous participions avec nos familles respectives à diverses activités.  Avec les gosses, ça faisait une solide smala...

Un jour, nous marchions tous ensemble dans les bois entourant Masbourg. Vous ne savez pas où c'est ? Tant pis pour vous ! Pivoine pourrait sans doute vous aider. C'est d'ailleurs sans intérêt pour la suite de l'histoire.

Vers midi, nous faisons une halte au bord de la Masblette, la rivière locale (comment l'avez-vous deviné ?). Un autochtone y avait installé un barbecue et vendait des petits pains aux saucisses. J'étais assis sur un muret et faisais un sort à l'espèce de hot-dog quand un petit bolide rouge,  une Morris mini-cooper, surgit du virage et se range, dans un nuage de poussière, au bord de la route.

La portière côté passager s'ouvre et, une diablesse blonde en jeans et bottes de cuir se précipite vers moi. Quand j'ai vu votre barbe, me dit-elle, j'ai senti qu'il fallait que je vous embrasse ! Vous permettez, Madame ? Demande-t-elle à ma fille qui, à l'époque, ne devait pas avoir plus de dix-sept ans. Et sans attendre la réponse de celle-ci, elle passe à l'exécution de son projet, profitant de ma stupeur.

Mon copain Georges, non, pas celui des chevilles, un autre, tombeur invétéré, n'en est pas encore remis. Moi non plus d'ailleurs.

Non, je ne me suis pas gouré de catégorie, il ne s'agit pas d'un rêve. D'ailleurs, je tiens à votre disposition une bonne quinzaine de témoins.


30 juin 2008

L'instit

Dans la farce du poivron, une minuscule feuille de thym et ce parfum  qui, subitement m'évoque l'image d'un jardin divisé en petites parcelles et rempli d'enfants affairés. L'instituteur a déterré une grosse touffe de thym. Il en démarie les pousses et les distribue. Chacun part repiquer la sienne dans sa parcelle. Faire un trou dans la terre meuble, introduire la petite plante, donner du pied, arroser...

FreinetJe me serais cru dans "L'Ecole buissonnière". Un film qui avait fort impressionné l'enfant du "Pays Noir" que j'étais, avant qu'une mutation de mon père ne m'amène dans ce jardin, lors de ma quatrième primaire.

Mutation, jamais mot ne fut plus approprié !

Là-bas, où les poussières de charbon et celles des aciéries brouillaient l'air, où la lueur des hauts-fourneaux rougissait le ciel nocturne, où éclataient en feux d'artifices  les gerbes d'étincelles des convertisseurs, là-bas l'école ressemblait à une caserne et nous étions une vingtaine dans ma classe de troisième.

Ici, l'école ressemblait à l'aile d'un petit château (en réalité la Maison communale) et nous étions une vingtaine de garnements dans l'unique classe regroupant les six années de primaire. Il y avait même un olibrius esseulé qui était dans le "quatrième degré" mais, à part l'instituteur, personne ne savait s'il était en septième ou en huitième, même pas lui !

Là-bas, les cours étaient donnés avec sérieux, certes, mais sans trop d'imagination et il ne serait venu l'idée à personne de quitter l'établissement et pour voir quoi, d'ailleurs, les terrils, les tuyauteries de gaz, les wagonnets sur le carreau des mines, les étonnants téléphériques des carrières ?

Ici, on quittait l'école au moins une fois par semaine et tout était prétexte à étude et observation : la rivière, la mare, les champs de blé ou de betteraves, le troupeau de moutons, la scierie, la briqueterie. Ici quand on vous parlait d'un are, on sortait en tracer un dans la cour.

L'instit, nous disions "Le Maître", était prodigieux (pour faire mentir Papistache).

Évidemment, cumulant sa fonction avec celle de directeur, il lui était plus aisé d'imposer ses vues pédagogiques que dans un grand machin à allures collectivistes.

Dans cette école et ses dépendances, entendez tout le village, j'ai tout fait : monté des circuits électriques, écussoné des rosiers, enté des fruitiers, établi des statistiques de germination, fabriqué des briques, trait les vaches, décortiqué le moteur de la quatre chevaux, interviewé les ouvriers qui garnissaient la rue d'éventails de petits pavés de porphyre et ceux qui remplaçaient les plaques de protection des cuves de l'UCB, peint à l'aquarelle, contrôlé les poids des commerçants avec les fonctionnaires des poids et mesures, joué la comédie, construit des marionnettes...

Le rêve !

Sauf qu'il n'y avait pas de filles, mais bon, "là-bas" non plus.


25 juin 2008

Un rieu de rien

Grand remue-ménage dans le monde de l'enseignement primaire francophone belge : l'épreuve de compréhension en lecture du CEB est durement contestée par certains. En cause, un style trop poétique et vieillot, l'utilisation de termes peu signifiants pour les enfants d'aujourd'hui, comme rieu et... épinoche !

Ma petite-fille, qui ne me semble pourtant pas briller par ses capacités en langue française, a trouvé ça "fastoche"! Nous verrons à l'autopsie. Elle a néanmoins compris qu'il s'agissait d'un ruisseau, par le contexte, et d'un poisson : elle avait vu des épinoches dans le DVD "La planète bleue".

Moi, à son âge, je n'avais pas besoin de DVD pour voir des épinoches. Il me suffisait, fait relativement rare, d'accompagner les garnements qui me servaient de condisciples jusque la Wance (pour les Français, lisez Ouance), un rieu de rien, ainsi que le disait en son début le texte de l'épreuve contestée. Nous y entrions, les jambes nues et, avec un peu de patience, nous pouvions voir apparaître les fameuses épinoches.

Epinoche

Ces animalcules ne dépassaient que difficilement les trois centimètres de long. En remuant prudemment le petit gravier du fond, vous pouviez aussi débusquer la loche, un poisson moustachu un peu plus long et connu pour ne vivre qu'en eaux très pures.

Loche

Le ruisseau en question répondait tout à fait à ce critère. Il était d'une fraîcheur et d'une limpidité extraordinaires. Je ne sais trop où le ruisseau prenait sa source. Il serpentait à travers les prés et, en le remontant, on parvenait à l'orée d'un bois, limite extrême du monde autorisé à mon accès. Vouloir aller au-delà, c'était m'exposer à la réprimande de mes parents et, surtout, prendre le risque de tomber nez à nez avec des membres de l'hostile tribu peuplant le village voisin.

L'un de ses affluents se nommait le ruisseau de Creuse. Lui, je pouvais le remonter jusqu'à sa source, réputée miraculeuse par les habitants du cru. Une chapelle se dressait d'ailleurs à proximité de la source, bienvenue après la longue course à bicyclette qui menait jusqu'à elle.

Il y a une vingtaine d'années, j'y suis retourné. La chapelle avait été rasée et remplacée par une sorte d'auvent en bois résolument moderne. Rasée également la maison que j'habitais à l'époque, vous savez, entre l'écluse et le pont-levis. Rasée et remplacée par... rien.

La Wance, elle, n'est plus que le déversoir des eaux de pluie de l'autoroute, morne, morte et stérile, comme tant de choses aujourd'hui.

Ne parcourez pas le monde en quête de votre jeunesse, c'est peine perdue, rappelez-vous, Branduardi vous avait prévenu !


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18 juin 2008

Fonctionnaire

Au journal télévisé d'hier, on nous apprend que la Région wallonne va entamer une campagne publicitaire destinée à modifier auprès du vulgus pecum l'image du fonctionnaire. Les acteurs de ces spots seront les fonctionnaires eux-mêmes qui viendront nous exposer combien exaltantes peuvent se révéler leurs carrières.

EcluseLa chose se passait sur fond d'images extraites de ces fameux spots et soudain : le bouillonnement de l'eau à la sortie d'une écluse et dans ma tête un bouillonnement d'images.

J'ai vécu pendant quatorze ans le long du canal du Centre, du temps où il n'avait pas encore été mis au gabarit actuel.

Mon domicile se trouvait entre une écluse et un pont-levis. Durant les vacances, vers mes onze ans, j'allais saluer les préposés et au bout de quelques visites, ils me laissaient les aider à la manoeuvre des "ouvrages d'art".

Un jour, l'éclusier m'a même confié la garde de l'écluse, le temps d'une course au patelin. L'éclusage des péniches, c'est simple, mais ça demande une certaine méthode pour effectuer la bonne séquence d'ouverture et de fermeture des vannes et des portes. J'ai écrit une procédure pour l'édification de Pivoine dans un commentaire sur son blog, je ne vais pas recommencer ici.

PontChez le pontonnier, c'était plus simple. Il n'y avait qu'à tourner la face verte du disque métallique prévu à cet effet vers le bateau qu'on voulait laisser passer (il n'y avait le passage que pour un bateau), baisser la barrière interdisant l'accès aux véhicules, déverrouiller le tablier et commencer à lever le pont. Je tournais pour cela une roue aussi grande que moi, faisant chanter le cliquet qui sautait d'une dent à la suivante dans le mécanisme anti-retour.

De tourner plein pot toutes ces manivelles, tant au pont qu'à l'écluse, car tout était manuel, je me faisais les biscoteaux dont je manquais cruellement (je ne sais pas si vous imaginez la masse d'une porte d'écluse)

Ce qui m'enchantait près du pont, c'était l'abri du pontonnier ! Si l'éclusier disposait d'une sorte de cabine plutôt spacieuse et contenant, entr'autres, le tableau de commande de la pompe de rééquilibrage de niveau des biefs, à proximité du pont, il n'y avait qu'une sorte de cube d'environ deux mètres sur deux, contenant une chaise, une petite table et un poêle à charbon.

Moi, je rêvais de devenir pontonnier et d'habiter dans le cube. Rentré chez moi, j'imaginais un aménagement du lieu autorisant cette lubie ! J'ai perdu les plans, mais je me souviens qu'il y avait beaucoup de trucs rabattables.

Les Japonais pensent qu'ils ont inventé un système original avec leurs hôtels à logettes genre nid d'abeilles, mais j'y avais pensé avant eux ! Sauf que moi, je n'avais qu'une logette. Ce que je ne m'étais jamais demandé, c'est ce qu'aurait pensé l'administration de cette idée originale.


16 juin 2008

Planchette

King_s_troopVous avez vu le Trooping the Colors ? Moi, oui ! J'avais repéré la retransmission (en différé) de la chose dans le programme TV. Et, avec candeur, je l'ai signalé à mon épouse.

C'est une grande parade militaire à l'occasion de l'anniversaire officiel de Sa Grâcieuse Majesté. Ma femme adore ! Je la suspecte parfois de rêver être la Grande-Duchesse de Gerolstein. Le scénario est immuable et terriblement british.

Moi j'aime surtout quand il pleut à verse, leur flegme proverbial est alors mis à rude épreuve. Mais bon, cette fois-ci, il faisait beau, on pouvait voir les uniformes chatoyer, les cuirasses rutiler, les sabres jeter des éclairs (contrairement aux baïonnettes, traitées anti-reflet, quel anachronisme sournois).

Comme chaque année, gros succès des King's Troops et, comme chaque année, je signale à mon épouse qu'un beau(?) jour, j'ai porté un uniforme du même acabit. En effet, dans une de mes nombreuses vies, je fus artilleur. Planchette, plus précisément. Ouais... ça fait tout de suite moins chic ! Dans mon pays, au temps où le service militaire était obligatoire, les chimistes étaient versés dans l'artillerie, ça leur évitait de changer de Saint tutélaire (et même, en l'occurrence, de seins tutélaires, vive Sainte Barbe ! Bien qu'à l'époque, j'étais imberbe).

artilleurUn jour, donc, je suis désigné volontaire (vous savez comment ça se passe dans l'armée) parce que, dans ma chambrée, c'était moi qui entrais le mieux dans le dernier costume disponible. Il s'agissait, avec quelques copains, de se farcir une garde d'honneur à une réception quelconque en tenue de parade ancienne : uniforme bleu marine, futal à bande rouge, veste à brandebourgs, toque en astrakan, jugulaire dorée, plumet ridicule, un truc qui devait dater de 1890 environ (ou une copie de la chose, je ne sais trop). Toujours est-il que je suis heureux que l'époque n'était pas aux appareils photo digitaux, ça m'évite d'être encore plus ridicule que d'ordinaire. Je vous en montre un pas tout à fait pareil, mais à cheval.

Le petit air de famille entre l'ancien uniforme des artilleurs belges et celui des King' Troop n'est pas fortuite, le premier roi des Belges était l'oncle de la reine Victoria.

Bien entendu, la seule chose qui vous inquiète dans tout cela, ce n'est pas ma prestance en uniforme de gala mais plutôt l'endroit où l'on pouvait bien clouer cette foutue planchette dont je vous parlais.

Vous me verriez bien crucifié hein ! Vous n'aurez pas cette joie. Le mot désignait simplement les membres du bureau de tir qui calculaient le réglage des obusiers (charge, azimut, hausse). Pourquoi planchette ? Parce que nous étions assis devant une sorte de planche à dessin sur laquelle était fixée une feuille avec quadrillage de coordonnées sur laquelle la batterie, les objectifs et les obervateurs étaient représentés par de petites épingles de couleurs. Les calculs étaient effectués avec l'aide d'une espèce d'éventail-rapporteur en plexi et de tables de corrections, le tout d'origine américaine.

En procédure normale, après un premier tir, l'observateur nous signalait par radio où l'impact se situait par rapport à la cible vu de sa position. Le jeu consistait alors à déplacer l'épingle représentant l'objectif à l'inverse de cette information et à recommencer les calculs jusqu'à ce qu'on tire pile sur la cible.

Ce genre de réglage de tir se faisait avec une seule pièce. Une fois le réglage effectué, il fallait aussi calculer les variations de réglage en fonction de la position des différentes bouches à feu sur le terrain pour pouvoir procéder à un tir de batterie. Simple, non ?

Le plus marrant, c'était la procédure de tir a posteriori. La description ci-dessus ne vaut que si vous connaissez la position exacte de votre pièce de réglage sur la carte. Si vous n'en savez trop rien, voici comment faire : vous choisissez un objectif de position précisément connue : un édifice public, une église, un monument (historique de préférence). Et vous commencez le tir de réglage. Au lieu de déplacer l'épingle de la cible au fil des corrections, vous déplacez celle de la pièce. Et quand vous touchez le bâtiment choisi...

Vous savez où vous vous trouvez exactement ! C'est pas beau ça ?

L'inconvénient, c'est que pendant que vous procédez à cette petite mise au point préliminaire, l'ennemi a repéré votre position soit à l'éclair de vos tirs, soit à leur fumée et vous pulvérise avec sa propre artillerie qui, n'étant pas belge, sait parfaitement où elle se trouve, elle.

Le seul avantage, c'est que contrairement à nous, l'ennemi, lui, est toujours fictif (dans mon expérience personnelle en tout cas).

Voilà ! Si vous êtes sages, je vous raconterai peut-être la guerre atomique.

 


 

13 juin 2008

MAC's

MACMais non, je ne vais pas vous les briser menu avec mes mémoires d'ancien combattant de la Grande Guerre. Celle qui opposa des années durant, en des luttes fratricides et sanglantes, les adorateurs du PC aux zélateurs  du Mac. Je ne suis d'ailleurs pas certain qu'elle soit vraiment terminée.

Je vais vous narrer un des épisodes de mon unique visite au Musée des Arts Contemporains érigé sur le domaine du Grand-Hornu, à grand renfort de fonds européens.

Je ne me trouvais évidemment pas là de mon plein gré. Simplement, ma fille a une amie (que j'appelle ma deuxième fille, mais ça, c'est une autre histoire) dont un des passe-temps favoris est d'organiser des visites guidées en des endroits ou institutions les plus divers. Comme elle ne manque jamais d'y convier mon épouse, j'en suis à tous les coups.

Si vous n'avez jamais vu le site du Grand-Hornu (le siège d'un ancien charbonnage), ça vaut le déplacement, si toutefois vous ne perchez pas à plus de cent kilomètres de l'endroit, enfoui au coeur du Borinage, région d'où Van Gogh s'est, lui, enfui en quête de soleil. Y a juste le sombre bâtiment du MAC's qui gâche un brin la vue, même si aux dires d'architectes, eux aussi contemporains, il s'intègre parfaitement à l'ensemble. Déjà, à Bruxelles, ma ville d'adoption, architecte est une insulte, alors, l'opinion d'un architecte contemporain, je relativise.

Pour ceux qui seraient tentés de retrouver les artistes qui y exposaient à l'époque, cela se passait fin mai 2003 (c'est dingue, ce qu'on découvre dans les propriétés des fichiers jpeg).

Entr'autres merveilles offertes à l'ébahissement des fameux contemporains des artistes du même nom, il se trouvait dans une salle, réservée à elle seule, une étonnante réalisation plongée dans la pénombre : sur un lit de feuilles de lauriers (j'ai mis lauriers au pluriel car c'était un très gros tas de feuilles) gisait une sorte de pare-brise.

Notre groupe entourait la chose, la contemplant d'un oeil sceptique (et de l'autre consterné). Devant ce manque manifeste d'enthousiasme, notre guide, une charmante petite Française vachement concernée par son job, se met en devoir de tenter de nous faire comprendre la production, à défaut de l'apprécier.

Il s'agit, nous dit-elle, de la reproduction fortement agrandie d'un ongle. Réalisée en verre, elle a été déposée sur un lit de feuilles de laurier(s). Vous n'êtes pas sans savoir que dans l'antiquité, le laurier était un des symboles de l'éternité. Vous savez également que les ongles (tout comme les cheveux) continuent à pousser après la mort. C'est dans l'association de ces deux faits que l'artiste et bla bla bla et bla bla bla.

À  la fin de son discours, la demoiselle quête des yeux et des oreilles une éventuelle réaction, un semblant d'approbation (déjà plus hypothétique) ou une question (tout-à-fait hors de question, justement).

Apathie totale du groupe. Devant sa déception, je vole à son secours.

Vous me plongez, chère enfant, lui dis-je, lui tendant la main, paume par-dessous, dans la plus insoutenable angoisse métaphysique ! Qui donc va me ronger les ongles après mon décès ?

Je l'ai sentie un peu interloquée, limite vexée peut-être, mais elle avait de la classe, ce ne fut qu'un très bref nuage puis, elle a souri et le sombre décor s'est éclairé soudain.

 

Edit du 21 avril 2011 : Vue plus générale pour Berthoise

PICT0011

 


 

11 juin 2008

Quand j'étais cancre

DruckerUne brutale illumination vient de m'atteindre, tel Shâkyamuni sous son arbre. Je vais d'ailleurs aller vérifier de ce pas la longueur du lobe de mes oreilles.

Ça m'est venu en voyant, sur un blog "littéraire", cette photo de couverture du bouquin de Michel Drucker.

Et à quelle prise de conscience fondamentale me suis-je donc éveillé, me demanderez-vous ? Simple : contrairement à Drucker, Pennac, Berléand, Blasband et, j'imagine, de nombreux autres qui échappent à ma mémoire vacillante tout autant qu'à mon inculture crasse, je ne pondrai jamais le moindre ouvrage détaillant les souvenirs douloureux de mes années de cancritude. Je ne serai donc jamais une vedette ni un écrivain célèbre : ma jeunesse n'a pas fleuri auprès des radiateurs, endroits réputés propices à l'élevage des cancres (las).

D'ailleurs, pour justifier le classement de ce billet dans la catégorie où vous l'avez trouvé, je dois à la vérité de signaler que la classe d'école primaire que je fréquentais n'était pas pourvue de chauffage central, mais d'un poêle à charbon occupant... la place centrale dans la pièce. Il y aurait peut-être lieu de se mettre d'accord sur la définition de "chauffage central".

Il y avait pourtant un lien entre le cancre de service et le poêle : l'un était régulièrement chargé d'alimenter l'autre. Cette histoire de charbon avait sans doute valeur prémonitoire, mon condisciple ayant dû finir mineur de fond dans un charbonnage. Ces derniers étaient encore florissants à l'époque, on était en pleine "bataille du charbon" pour alimenter l'industrie sidérurgique boostée par la reconstruction.

Finalement, ces écrivains que je citais tout-à-l'heure n'avaient pas tout-à-fait tort : la vie de cancre n'était pas drôle tous les jours. Mon témoignage est évidemment très partiel : j'ai effectué mes trois dernières années de primaire dans une école à classe unique et n'y ai côtoyé qu'un seul et même cancre.

Le gaillard ne s'exprimait pour ainsi dire que dans l'idiome local, faisant néanmoins l'effort, en cas d'urgence, de tenter de le transposer en Français. Ainsi, dans cette région, "mordre" se disait "agnî". Et, voulant expliquer à mes parents qu'un chien avait tenté de le mordre, il leur avait dit : "Et il a sauté sur moi pour me agner !"

Malgré ces efforts louables, il était en bute à la vindicte enseignante, l'usage du patois étant formellement interdit dans l'enceinte de l'école. On ne s'inquiétait pas encore à l'époque de la survie des dialectes locaux.

Il était plutôt petit, tout comme moi, mais râblé et beaucoup plus costaud. Si bien que si nous partions visiter la briqueterie locale, c'est lui qui pouvait en ramener le seau d'argile destiné à des activités ultérieures. Que si nous escaladions la côte qui menait de la vallée au sommet de la colline, c'est lui qui se coltinait le baromètre à mercure devant permettre de démontrer la liaison de la pression atmosphérique à l'altitude. Que si nous allions relever les dimensions d'un champ quelconque (aux fins de divers calculs subséquents, de la quantité de semences nécessaire au rendement à l'hectare), c'est lui qui se tapait le matériel d'arpentage, rudimentaire mais pesant : chaîne d'arpenteur, boussole, jalons.

Il avait néanmoins droit à l'une ou l'autre compensation. Ainsi, bien qu'ayant la fâcheuse habitude, pour amuser la galerie, de s'abreuver au contenu des encriers de porcelaine ornant les pupitres, il s'était vu confier leur remplissage et la fabrication de l'encre par dissolution d'un sachet de colorant dans une bouteille d'un litre d'eau, ce qui lui donnait accès à de la boisson fraîche. (Faudra quand-même que je m'informe, a posteriori, de la toxicité du bleu poirier)

Si sa vie n'était pas drôle, lui par contre, l'était extrêmement, instigateur des plaisanteries douteuses, grand mime devant l'Eternel, roi de la cour de récré. En dépit de ces qualités, il n'a pas, lui, fini à la télé.

Il était également très mal vêtu et jamais très net. Il n'y était hélas pour rien, l'époque n'était pas au luxe et ce qui pouvait paraître à nos yeux d'enfants gâtés une sorte de négligence n'était dans la réalité que l'effet de la misère.

Le plus étonnant dans tout cela, c'est qu'à l'accent circonflexe près, son nom était celui du séducteur d'Hélène (vous savez, l'Hellène, là).


4 juin 2008

Gauguin

Sur ce coup-là, vous devrez me croire sur parole : mes parents ne sont plus là pour confirmer. Ils disaient que, dans mon jeune âge, j'étais un enfant charmant, calme, obéissant et tout et tout, mais... Car il y a toujours un "mais", n'est-ce pas !  Ils m'avaient surnommé, à cette époque de mon existence, "Monsieur pourquoi".

Le front contre la vitre froide des trains à vapeur, je m'inquiétais du pourquoi de tout ce qui défilait dans le paysage : les rivières, les chassis à molette, les laboureurs aux champs, l'animation dans les usines, les grosses conduites de gaz, les chatons sur les saules : pourquoi ?

Au retour c'était la nuit, mais ils n'étaient pas sauvés : pourquoi la lune suit-elle obstinément notre train, sautant par-dessus les bois et les toits, réapparaissant à la sortie des tunnels, ressurgissant de derrière un nuage ?

 

Et toute réponse amenait immanquablement un autre "Pourquoi ?"... Charmant, mais lassant, souvent.

Un jour, avançant en âge et remontant inlassablement la chaîne de ces questionnements en cascade, je suis parvenu à l'ultime question : "Pourquoi suis-je là ?"

D_o__venons_nous

À cette question, il ne me fut donné aucune réponse satisfaisante. La grande lignée des "pourquoi" ne menait qu'à une infinie déception. Alors, résigné, je me suis rabattu sur les "comment" et j'ai viré scientifique. De cette chaîne-là non plus, on ne voit jamais le bout, chaque réponse amène cent nouvelles questions, mais...  Car il y a toujours un "mais", n'est-ce pas !

Mon enfance grisée du désir de savoir s'est arrêtée, stupide, au fond d'un cul-de-sac étouffant.

 


 

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