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Entre nous
28 janvier 2009

Enfer et damnation

Suite à ce déménagement qui m'avait donné le bonheur de rencontrer Maria, je débarquai dans une nouvelle école primaire. C'est là que, pour la première fois, j'ai rencontré Dieu (ou, en tout cas, son représentant).

Paradoxalement, bien qu'ayant été baptisé, je n'en avais jamais entendu parler avant.

En fin de matinée de mon premier samedi dans cette nouvelle école, le curé du patelin a débarqué, s'est installé au bureau du "maître" et nous avons commencé à lire un des chapitres d'une sorte de condensé de la Bible à l'usage de la jeunesse laborieuse.

Quand j'y repense aujourd'hui, cela ne laisse jamais de m'étonner : l'école appartenait au réseau communal, officiel donc, et personne n'avait consulté mes parents sur la question de l'enseignement religieux. Moi, ça faisait mes affaires : un bouquin de plus à lire ! Il était illustré car je me souviens d'une gravure qui m'avait fort frappé : on y voyait Absalom pendu par les cheveux à son chêne tandis que Yoav s'apprêtait à le transpercer de sa lance.

À ce point de l'histoire, ça restait amusant : ce n'était qu'une... histoire.

C'est devenu moins drôle lorsque commença la préparation à la communion solennelle. Par tradition peut-être, mes parents qui ne s'étaient mariés que civilement, tenaient à ce que je la fasse. Me voilà donc embarqué dans la catéchèse avec l'irruption du bien et du mal, du péché, du châtiment, du paradis, du purgatoire, de l'enfer, des limbes même !

Une vision du monde bien dans la ligne du Dieu jaloux, vengeur et vindicatif de l'ancien testament. Le tout enseigné par un prêtre asthmatique qui se fût trouvé mieux dans une maison de retraite qu'au milieu d'enfants turbulents et d'acolytes buveurs de vin de messe.

Durant cette période, je me posais une étrange question : "Si Dieu me proposait d'envoyer tout le monde au paradis moyennant ma propre damnation éternelle, accepterais-je ?"

Interrogation stupide s'il en est. On ne sait que trop bien depuis la femme de Lot comment Dieu conclut ses marchandages.

N'empêche qu'au bout de deux ans de pratique religieuse et d'endoctrinement, je rêvais de devenir prêtre. Ne fut-ce que pour l'étonnant prodige de faire surgir Dieu au bout de mes doigts par une sorte de formule magique.

Le curé ne se tenait plus de joie, il rendit même visite à mes parents pour s'enquérir de leur éventuelle acceptation de ma vocation (précoce, faut-il le préciser). Ceux-ci n'élevèrent aucune objection, pour peu que ce fût réellement mon choix et, à mon intense stupéfaction, parlèrent même de régulariser leur mariage au plan religieux.

Par bonheur, il y avait le célibat des prêtres et... Maria !

Bien que je n'eusse pas encore à l'époque embrassé la moindre fille (et il s'en faudrait de longtemps encore) mon imagination fertile me fit entrevoir ce que pourrait avoir d'insupportable toute une vie à l'écart des femmes. Cela mit une fin abrupte à ma vocation.

C'est depuis lors que je voue à la gent féminine une gratitude et une admiration sans bornes.

Absalom


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25 janvier 2009

Santé, Émile !

vandervelde

Sur la photo qui trônait, bien en évidence, au-dessus de la cheminée, chez mes grands-parents maternels, Émile Vandervelde était un peu plus âgé que sur celle-ci.

Dans ce logis d'ouvrier carrier, socialiste convaincu, son portrait tenait lieu de crucifix.

Ce gaillard à l'énorme carrière politique, président de la Seconde Internationale, est resté célèbre dans mon pays, bien longtemps après sa mort, pour avoir fait voter une loi que l'on désigna par son nom.

Cette loi avait pour but de combattre l'alcoolisme en interdisant la vente d'alcools forts (plus de 18°) dans les débits de boisson ainsi que la vente en magasin de ces mêmes produits en quantité inférieure à deux litres.

Votée en 1919, elle contribua fortement à enrayer ce véritable fléau (aidée, il faut le dire, par les Allemands qui avaient durant la grande guerre démantelé la majorité des distilleries pour récupérer le cuivre de leurs alambics).

Cette loi, tombée en désuétude — elle n'avait dû son efficacité qu'aux salaires de misère de l'époque de sa promulgation —, ne fut abrogée qu'en 1983. Aucun magasin ne l'appliquait plus depuis longtemps, sauf une chaîne d'obédience néerlandaise pour qui la loi était la loi. Ce qui valait à ses clients, dont j'étais, d'avoir les bars privés les mieux fournis du royaume.


14 janvier 2009

Allons en France

Ce matin, nous dit le moniteur, nous allons en France !

C'était mon premier séjour dans cette colonie de vacances organisée par la société où travaillait mon père. J'étais dans la section des benjamins, celle que les moniteurs — tous des routiers d'une grosse unité scoute catholique de Charleroi (Albert 1er) — avaient organisée comme une Meute.

On nous rassemble donc dans la cour. Dans ma candeur naïve, je m'attendais à sortir par la porte côté rue et à monter dans un car ou à prendre à pied le chemin  pour une excursion vers la France. J'étais tout excité : jamais je n'avais quitté la Belgique.

Voilà-t-y pas qu'au lieu de cela, nous nous dirigeons vers le fond de la cour et pénétrons dans l'immense prairie en pente qui nous servait de terrain de jeu et où je ferai, quelques années plus tard, ma première triangulation.

Nous suivons la pente, traversons tout le pré et franchissons la clôture aux fils de fer barbelés, nous traversons un bosquet d'aulnes et arrivons à une rivière : "L'Eau Noire". Elle ne payait pas de mine, mais nous avons malgré tout dû nous déchausser pour la franchir.

De l'autre côté, nous nous installons sur le tronc d'un épicéa solitaire culbuté par le vent, sa rosace de racines superficielles dressée à la verticale. Tandis que nous remettons nos chaussures, le moniteur s'exclame : voilà, nous sommes en France !

Merde ! Heureusement qu'il l'avait dit, je n'aurais rien remarqué ! Et vous savez quoi ? La France, c'était tout pareil à la Belgique : même paysage, pas même un parfum particulier. J'aurais cru que ça sentait la liberté, l'égalité, la fraternité même ! Rien, des prés et plus loin de rares champs.

Le temps d'aller, en haut du versant, jeter un œil dans un petit fortin abandonné, sombre abri de béton où la voix résonne étrangement et nous avons pris le chemin du retour.

Quelques jours plus tard, nous irons à Rocroi. Là, je comprendrai que la France, ce n'est quand même pas tout à fait la Belgique.

Aujourd'hui, sur Google Earth, je suis allé voir le village. La définition est beaucoup moins bonne que pour mon domicile. Mais on repère facilement l'endroit. L'ancien couvent, transformé en collège puis en centre de vacances est toujours là. La frontière, en jaune, suit le cours de l'Eau Noire

Sur la vue satellite, le marronnier — devant lequel, chaque matin ensoleillé, j'allais, assis dans une petite dépression du terrain, chauffer aux rayons du soleil montant un dos rachitique — couvre de son imposante couronne l'entièreté de la cour et cache même une partie du bâtiment. Il se situe sous le "C" de Petite-Chapelle, puisque tel est le nom de ce charmant village où, sans être inscrit dans aucun mouvement, j'ai pratiqué le scoutisme, deux semaines par an, pendant des années.

Petite_Chapelle


9 janvier 2009

Greta

Lundi, mon épouse et moi assistions à un office de funérailles en l'église de Bertem. C'est une dame qui conduisait la cérémonie, une diaconesse sans doute. Le rite était destiné à la maman de mon dernier supérieur hiérarchique (du moins en ce qui concerne le volet technique de mon travail). Je me suis dit que c'était peut-être l'occasion de vous en parler. Mais non, pas de mon travail, de mon chef !

Elle s'appelle Greta, c'est une ravissante (entendez par là qu'elle me ravit, moi en tout cas) petite Flamande. Elle possède une voix légèrement rauque et parle français avec un délicieux accent. Elle est dotée d'une intelligence brillante et est d'une extrème gentillesse. Elle a pourtant du caractère et, la première fois que je l'ai vue s'emporter, j'ai été sidéré, tellement je m'attendais peu à une telle réaction de sa part.

Nous nous pratiquons depuis bientôt vingt ans et sommes devenus les meilleurs amis du monde. Elle a, à mes yeux en tout cas, une étonnante caractéristique : plus je la vois évoluer en âge, plus je lui trouve de charme. Bien sûr, quand je le lui dis, elle rit.

Il y a quelques années de cela, je me trouvais dans son bureau et suite à je ne sais quelles circonstances, elle en vient à me dire en se frappant les hanches : "Regarde, je suis trop grosse !" Et moi de lui répondre : "Chef, seule votre connaissance imparfaite de la langue française peut vous faire déclarer cela, vous n'êtes pas grosse, vous êtes somptueuse". Elle s'est précipitée sur son Robert et Van Dale.

Un autre jour, dans le labo de mon amie Jaja (mais non, pas Janeczka, cette Jaja-ci), quelques unes de ces dames s'extasiaient devant le charme d'un nouvel engagé (je tairai son nom pour ne pas le faire rougir, je dirai seulement qu'aujourd'hui, il joue les experts en criminalistique) lorsque Greta déclara "Moi, je préfère les hommes mûrs".

Mais non, je ne me suis pas redressé en rentrant le ventre, je ne me suis pas senti concerné : elle n'avait pas dit "blets", non plus !

Greta1Greta3Greta4


 

16 décembre 2008

Lost Paradise

Dans son commentaire sous mon dernier billet, Papistache (j'ai toujours tendance à dire "le Papistache" parce qu'il est unique et prend parfois à mes yeux des allures de patriarche, même s'il est, à vue de nez,  plus jeune que moi) Papistache, donc, me pose une question.

Pour montrer que je m'en inquiète parfois, je suis allé rechercher un document que j'avais fait parvenir à tous ceux, famille, amis, collègues que j'avais conviés à quelques repas dans divers restaurants à l'occasion de mon soixantième anniversaire. Mon chef, une délicieuse petite Flamande était de toutes les occurrences.


Jette, le premier novembre 2001

[...]

C’est Françoise qui a eu l’idée de ces invitations au restaurant, pensant qu’il me serait agréable de me retrouver au milieu de vous, à moins que ce ne soit pour marquer de manière un peu solennelle que le nombre des jours que j’ai vécus dépasse largement celui de ceux qui me restent à vivre, que je suis plus proche de l’heure des bilans que du temps des espérances, que la question que je risque d’entendre le plus souvent ces prochains jours est : « Pas encore pensionné ? ».

C’est pour m’aider à répondre à cette question que j’ai convié mon chef à ces repas, question de faire comprendre que si ces princes qui nous gouvernent décidaient de porter brutalement l’âge de la retraite de 65 à 75 ans, je n’en serais pas trop affecté et n’irais pas manifester dans les rues comme un enseignant néerlandophone ou un syndicaliste wallon. D’autant qu’ayant toujours déclaré que je n’arriverais pas à l’âge de la pension, ça m’arrangerait vachement de bénéficier d’une rallonge !

Il vient d’y avoir vingt ans que Georges Brassens est mort. Il avait à l’époque l’âge que j’ai aujourd’hui et était devenu l'un des plus grands poètes de langue française de son siècle. Je crains que le bilan de mon existence, même en jouant des prolongations, soit loin d’être aussi positif. Je crains surtout qu’il me soit un jour demandé des comptes sur l’usage que j’ai fait des dons qui m’avaient été donnés et que vous avez tous, un jour ou l’autre, eu la bonté de me reconnaître. Je crains, enfin, de n’avoir guère d’excuses à invoquer en dehors de mon apathie naturelle et de celle-ci : je vous ai tous, et surtout toutes, beaucoup aimés, même si je n’ai pas toujours su saisir les occasions de vous le dire. Je ne raterai donc pas celle-ci : je vous aime, tels que vous êtes, pour ce que vous m’êtes, de la plus jeune au moins jeune d’entre vous.

Merci encore de m’entourer de tant de sympathie car, comme le disait Antoine de Saint-Exupéry, il n’est qu’un luxe véritable, et c’est celui des relations humaines.

 

Jean-Claude

 

PS : Françoise, qui me lit par dessus l’épaule, pense que vous ne me reconnaîtrez pas !


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14 décembre 2008

Madame Chérie

Vous avez déjà essayé de remonter le fil de vos pensées ? Ça m'est encore arrivé ce matin. Je me suis trouvé rêvant à Madame Chérie, mais je n'ai pas réussi à comprendre comment j'y étais arrivé. Pourtant j'étais certain d'y être  parvenu au bout d'une chaîne de pensées logique.

Ah, les effets de l'âge ! Avant, je jouais à ce petit jeu et j'y réussissais régulièrement. Vous, bien entendu, vous vous souciez autant de ce jeu que de ma première culotte (je n'oserais évoquer la vôtre). Ce qui vous chatouille, c'est : mais de qui parle-t-il donc ?

Je vais tout vous dire...

Elle était sensiblement plus âgée que mes parents. Elle était toujours tirée à quatre épingles, maquillée avec soin et délicatement parfumée. C'était la fille de mon quatrième grand-père. Vous tiquez ? Je vous explique. J'ai eu quatre grands-pères :

  1. Le père de mon père, mort lors de la première guerre et dont j'ignore même le prénom
  2. Bon-papa Guèw (guimbarde, dans son patois) le père de ma mère
  3. Parrain Adolphe, le successeur du numéro 1 qui n'était d'ailleurs le parrain que de mon frère
  4. Bon-papa Joseph, le père de Madame Chérie

Ch_rieÀ l'âge que j'avais sur cette photo, mon père s'est payé la scarlatine. À cette époque, c'était une maladie grave. Pour m'éviter la contagion, les voisins proposèrent de me garder chez eux les quelques semaines que prendraient la guérison et la convalescence de mon père.

C'était très drôle, je vivais chez eux et une fois par jour, on me montrait à mes parents par-dessus le mur séparant les jardins.

Entre-temps,  je régnais  en maître sur la maison voisine et le cœur de ses habitants.

Bon-papa Joseph m'entraînait à enfoncer des clous dans une planche. N'étant pas très adroit, je les tordais régulièrement et il appelait ces clous tordus des "chalés Batisse" (en patois local, bien qu'il fût flamand, des Baptiste tordus ou, plus précisément, boiteux). Moi ça me faisait rire et je m'efforçais de les faire aussi tordus que possible.

Il élevait quelques moutons et m'installait parfois sur le dos d'une brebis que maman Joséphine, son épouse, avait dûment shampooinée au préalable !

Tandis que mes parents étaient au désespoir de ne m'apercevoir que quelques instants par jour, la fille de Joseph, Madame Chérie donc, était aux anges.

Elle ne pouvait avoir d'enfant et m'avait à elle toute la journée. Toute la journée parce que, déjà quand j'étais tout bébé, elle m'empruntait à mes parents pour aller attendre fièrement son mari à la sortie de son travail et se faire complimenter pour ce gentil poupon dont elle se gardait bien de dire qu'il n'était pas le sien.

J'ai cessé de la voir lorsque je suis allé rejoindre Maria. Nous n'avons plus, alors, échangé que quelques lettres. Un jour pourtant, étant caserné à Bruxelles où elle avait déménagé au décès de son mari, ayant, tout comme ce matin, subitement pensé à elle , je suis allé sonner à sa porte.

Un moment j'ai craint d'avoir à regretter ce geste. Il y avait bientôt quinze ans que nous ne nous étions vus et j'ai cru qu'elle allait mourir sous mes yeux tant elle était émue. Elle s'est un peu calmée, m'a fait entrer dans son appartement et nous nous sommes parlé, quelques heures. Durant tout ce temps, elle me couvait du regard.

Et quel regard ! Bien peu de femmes, hélas, m'ont regardé ainsi...


7 décembre 2008

Le cas du Flénu

De quel étrange animal va-t-il encore nous entretenir, vous demandez-vous. Tant il est vrai qu'on n'attrape pas deux fois le petit futé que vous êtes.

Et vous n'aurez pas (tout à fait) tort.

Dans le Borinage (région située à l'ouest de Mons) se situe un village étrange. Non qu'il se distingue des autres par une architecture particulière, une ambiance spéciale ou que sais-je encore, non, ce village, Flénu, présente une particularité dans l'idiome local : le borain.

Alors que l'on dit "Je vais à Frameries, à Quaregon, à Hornu, à Dour, à Saint-Ghislain,...", on dit " Je vais au Flénu"

Moi qui habitais de l'autre côté de Mons, je ne connaissais du Borinage que l'accent de mes condisciples du secondaire issus de cette région, mais Broche venait de Frameries, Ruelle de Cuesmes, Rousselet de Jemappes, personne ne venait "du" Flénu.

Ce n'est qu'en débarquant à Hornu pour y faire mes études de chimie que j'ai rencontré cette particularité. Voici dans quelles circonstances.

L'association des étudiants organisait un bal annuel dans les locaux d'une école voisine. Cette école comportait une section "Beaux-arts". Nous avions donc fait appel à ces voisins pour réaliser la décoration de la salle de bal.

C'est à cette occasion que j'ai rencontré ma première Artiste. Elle peignait à grands coups de brosse une immense feuille de papier. Pour ce faire, elle était agenouillée et chaque fois qu'elle s'étendait, se mettant à quatre pattes pour atteindre un coin reculé de son œuvre, le pull très lâche qu'elle portait et qui pendait presque jusqu'au sol, découvrait son dos nu.

Vision étrange pour un jeune-homme de mon époque, habitué à des condisciples en complet-veston pour les mecs et tailleur et chemisier pour les filles. Je n'étais pas au bout de mes surprises.

Comme les choses devaient durer assez longtemps, j'avais emprunté la voiture de mon père au cas où il n'y aurait plus eu de train pour rentrer. L'artiste qui, une fois sur ses pieds, avait cette fois les manches du pull qui lui descendaient jusqu'aux genoux, l'artiste donc, ayant achevé son oeuvre, demande à la cantonade si quelqu'un peut la reconduire.

Je me propose de le faire et lui demande où elle habite. "Au Flénu", me dit-elle.

Je l'ai donc reconduite, en suivant ses indications, dans ce patelin dont je ne savais même pas où il se trouvait. Durant ce trajet, je l'observais du coin de l'œil. Ma première artiste dis-donc ! Elle était plutôt maigre, les yeux charbonnés (sans doute une coutume locale de cette région minière), jean troué et pull comme je vous ai dit, bâillant sur une poitrine modeste, ferme et nue.

Et, vous savez quoi ? C'est moi qui n'étais pas trop rassuré !

Belette

Ah, oui...   l'animal !

En cherchant un peu sur le net, j'ai cru comprendre que le nom de Flénu viendrait de "flenne", belette en roman et "ut" désinence en marquant l'abondance. On se rendait donc à l'endroit riche en belettes : au flénu.

Edit du 8 décembre :

Le cercle héraldique de Mons propose les armes suivantes pour Flénu :

Fl_nu


1 décembre 2008

Louise

J'ai fait la connaissance de Louise un peu avant mes dix-huit ans.

Moi, je m'étais fait entraîner dans l'aventure du scoutisme par mon meilleur ami. Elle, séjournait chez notre Chef de Clan.

Vous auriez dû la voir ! Des formes pleines, toute en muscles et cette tranquille assurance qu'apporte la force !  Ce qui ne gâche rien, elle était d'un caractère égal, malgré ses immenses yeux noirs.

Il ne m'a fallu que quelques semaines pour l'apprivoiser et nous sommes devenus les meilleurs amis du monde.

Au bout de très peu de temps, elle me mangeait dans la main. Que dis-je ? Elle m'obéissait au doigt et à l'œil. À la voix, même.

C'était une splendide Brabançonne et... elle avait un de ces coups de reins!

...Elle vous arrachait un rouleau de pierre bleue de plus de deux cent kilos sans même un frémissement, c'est vous dire !

Quelle impressionnante bestiole. Je la montais à cru, en amazone. Elle avait le dos trop large pour que je puisse la chevaucher.

braban_on

Quand elle ne nous aidait pas à rouler le terrain de foot ou de concours hippique, elle tirait la charette du livreur de bière. Elle était dotée d'une étonnante mémoire, car lorsque son "conducteur" avait un peu forcé sur la marchandise qu'il livrait et s'assoupissait sur son siège, elle se rendait d'elle-même à l'endroit de livraison suivant.


28 novembre 2008

Willy

Aaah ! Ainsi, vous pensiez que je ne parlais que de filles ou de femmes... encore une fois tout faux !

Quand notre fils est né (et pas "aîné", c'est  le plus jeune de nos enfants), nous l'avons appelé Yves. Aujourd'hui, nous restons les seuls à ne pas l'appeler Willy. Et encore, uniquement quand nous nous adressons à lui, pas quand nous en parlons à d'autres, sinon, ils ne savent pas de qui il s'agit.

Et ça date de loin : dans sa classe du secondaire, les élèves s'étaient donné entre eux des surnoms plus ou moins liés à leurs patronymes. J'ai donc vécu entouré de Piwi, Goosy et autre Viche (tout ceci phonétique, œuf corse).

Il y aurait beaucoup à raconter sur Willy,  ça viendra peut-être au gré des circonstances, mais aujourd'hui, je vais me contenter du fait par lequel l'idée m'est venue de vous en parler.

Dans ma voiture, hier, l'animatrice d'une émission annonçait les sujets des prochains jours et parmi eux : Facebook. Et c'est là que ça a fait "tilt !" : s'il existe un gars qui avait bien compris la notion de réseau d'amis vingt ans avant Facebook et qui, par conséquent, n'a rien à cirer de cette application, c'est bien Willy.

Déjà à l'athénée, il réussissait à cumuler dans l'année presqu'autant de fêtes d'anniversaires que de jours, alors qu'il ne se trouvait qu'une vingtaine de gusses dans sa classe.

Et ça n'a fait qu'embellir. Il a, comme sa mère, le contact social aisé et vit donc entouré d'une foule d'individus des plus divers, du dentiste au clochard en passant par une diplomate de l' UE.

Comme, exactement comme dans Facebook, les amis de ses amis sont aussi ses amis, il en a partout dans le monde, de Montpellier à Dakar et de Castiglione del Lago à Pondichéry. Pratique quand on veut voyager : quand il ne loge pas chez eux, ce sont eux qui logent chez lui.

Mais, comment s'y prend-il, me direz-vous ? Vous allez comprendre :

 

Willy1

 

Willy2

 


4 novembre 2008

Vocation

J'y avais déjà pensé lorsqu'avec mon copain André, de quelques années mon aîné, nous fabriquions nos propres pétards. Mais non, pas avec Marie-Jeanne, avec une poudre artisanale à base de charbon de bois, salpêtre et soufre.

Je reprends : j'y avais déjà pensé quelques années auparavant, mais à l'issue de mon premier cours de chimie, c'était décidé : je serais chimiste !

D'ailleurs, il me fallait immédiatement un labo.

Mon père qui n'était pas du genre à étouffer les vocations dans l'œuf, m'attribua dans la buanderie un espace pourvu d'une table consistant en une caisse en pin brut retournée sur quatre chevrons. Cela faisait d'autant plus sérieux que la dite caisse portait en lettres de quinze centimètres "The Brown-Bovery Company".

Si l'on veut bien oublier le risque de tacher ou trouer le linge, la buanderie était un endroit idéal. Elle se situait au niveau des caves, mais à l'extérieur de la maison et sa porte donnait directement dans la cour-piscine dont je vous ai déjà parlé. De plus, à cette époque, les lessiveuses étaient dépourvues de chauffage électrique. Il fallait donc chauffer l'eau sur un petit foyer que mon père avait construit en briques réfractaires.

C'est dans ce foyer que je fabriquai mon charbon de bois. Le salpêtre et le soufre, "La Boule Rouge", la droguerie du bled, m'en fournit volontiers (moyennant cependant espèces sonnantes et trébuchantes).

Je préparai mon premier mélange puis passai aux essais.

Tout à l'excitation de fabriquer ma première ration de poudre noire, j'avais confondu efficacité et précipitation : le mélange était peu homogène et trop riche en soufre. Il était difficile à allumer, brûlait mal et ne fusait même pas. Par contre, qu'est-ce qu'il fumait ! J'aurais pu le filer à un viticulteur pour soufrer ses barriques, mais à l'époque, on n'avait pas encore pensé à planter de la vigne sur les terrils, la plupart desquels étaient d'ailleurs encore en activité.

Je rangeai ce premier résultat peu encourageant dans un sac en papier sur le coin de ma "table". Puis je me plongeai dans d'autres observations, mélangeant à peu près tout ce qui me tombait sous la main avec des résultats parfois inattendus.

Un jour que je chauffais au rouge le bout d'une lame de scie à marqueter dans un but qui m'échappe aujourd'hui, pris d'une pulsion aussi subite qu'irrépressible, Monsieur le Juge, je plongeai le bout rougi dans le sac de poudre. Ce machin que j'avais toujours eu du mal à enflammer à chacune de mes nombreuses tentatives, brûla d'un seul coup !

fum_e

Accessoirement, il mit le feu à la caisse en pin et à tout ce qui, dessus, se trouvait être combustible. Mon père, alerté par le nuage d'anhydride sulfureux qui avait envahi toute la cour, arrêta le début d'incendie d'un seau d'eau bien placé.

Comme le seau était vide, il y balaya d'un geste auguste (c'était son prénom) de la main ce qui restait sur la table, assortissant son action d'un bien senti : "Quand on n'y connaît rien, on ne fait pas de chimie !"

Le lendemain, le seau d'acier galvanisé était percé.

Ce n'est que quand je lui fis remarquer la justesse de sa sentence de la veille qu'il me fila la baffe que j'avais gagnée de haute lutte.


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