Ne regardez jamais sous le lit !
En allant chercher des bières (le frigostock de boissons se trouve dans la chambre d'amis) j'aperçois depuis le couloir dans l'autre chambre (la nôtre donc), une forme sombre sous le lit, un peu derrière le pèse-personne (il se nomme ainsi parce que personne ne s'en sert) dont c'est la place de rangement habituelle.
Je m'approche un peu plus et j'identifie la chose : un mouchoir, de femme, toujours dans les plis de son repassage, de couleur gris-vert.
Comme il est trop éloigné du bord, je ne saurais l'atteindre avec le bras. J'ouvre donc le cagibi où nous rangeons (quel mot barbare !), entre autres, une partie du matériel de nettoyage en compagnie des sabots suédois précédemment évoqués.
Je m'empare du balai de la ramassette (l'équivalent belgo-belge du ramasse-poussière de nos voisins français) à long manche, celle qui vous permet de récolter les balayures au sol sans vous casser le dos.
Armé de cet instrument, je m'agenouille à côté du lit et récupère le mouchoir que je balance d'un geste auguste sur le lit du côté de mon épouse pour que cette dernière le retrouve puisqu'apparemment, elle l'avait malencontreusement égaré.
Il ne restait plus qu'à me relever.
Connaissant l'état de mes genoux et autres hanches, je décide de prendre appui sur la chaise qui sert habituellement de support à mes vêtements lors de mon strip-tease quotidien.
Quand j'ai poussé sur ma main gauche, cette chaise dont les pieds, pour éviter qu'ils griffent le parquet, ont été sournoisement munis de petits patins de feutre, se met à glisser, déplaçant l'axe de ma poussée si bien qu'elle arrête sa glissade pour entamer un mouvement de rotation autour de l'axe constitué par la ligne joignant les deux points d'appui de ses pieds avant, ce qui amène son dossier à venir heurter ma caboche, m'entaillant subséquemment le lobe de l'oreille gauche, avec saignement, désinfection et toutes ces sortes de choses.
Le comble, c'est que j'ai même pas pu m'en prendre à mon épouse, c'est moi qui avais collé les feutres !
Je vous le répète : ne regardez jamais sous le lit !
Et arrêtez de m'appeler Tex Avery !