Vocation (ter)
Dans son commentaire sous mon billet du 2 avril, mon neveu Joe m'enjoint de raconter comment est née ma vocation de boy-scout.
Il supposait sans doute que le "sauvetage" de mon voisin y était pour quelque chose, mais ce n'est pas le cas.
J'ai raconté ici mes premiers contacts avec le scoutisme dans une colonie de vacances organisée par l'employeur de mon père (le groupe Empain à l'époque) et animée par des routiers (en uniforme). C'est la première fois que j'ai rencontré ces mecs bizarres portant des noms d'animaux, je me rappelle encore quelques uns :
- Ramier, qui m'avait fait découvrir la nature mieux que tous les cours de bio
- Pivert, qui était champion du Hainaut au javelot
- Éléphanteau, volumineux étudiant en médecine
- Maki, un joyeux drille toujours la plaisanterie à la bouche
- Zébu qui grattait lamentablement une guitare et ne connaissait qu'une chanson : Moi mes souliers de Félix Leclerc
Ces gaillards m'avaient fort impressionné et je rêvais moi aussi de faire du scoutisme, mais l'unité la plus proche se trouvait à Mons, un peu trop loin pour que je puisse m'y inscrire.
Dans la fièvre de mes dix ans, j'ai donc décidé de m'y atteler tout seul. J'ai embrigadé mes voisins pour constituer une mini-patrouille. Nous n'avions pas d'uniformes mais j'avais fabriqué des nœuds d'épaule et des foulards.
Nous avions élu comme terrain de jeu le petit triangle boisé situé entre la Haine, la canal du Centre et la voie de chemin de fer Mons-Charleroi.
C'est en rentrant de là que s'est déroulé l'épisode qui avait éveillé l'attention de mon neveu : le plus jeune des deux frères, plutôt que de marcher comme nous sur le replat de la berge s'amusait à circuler au ras de la pente de marne descendant vers la rivière et il a glissé.
Quand sa glissade s'est arrêtée, il était dans l'eau jusquà la ceinture et plutôt que de remonter calmement la pente, il se contentait de hurler comme un goret qu'il allait se noyer.
Pour arriver jusqu'à lui son frère et moi avons fait une chaîne (pour peu que deux maillons puissent constituer une chaîne) et en calant bien nos godasses dans la marne, lui s'accrochant à une pousse d'aulne et moi à sa deuxième main nous avons presque atteint son frère. C'est la hache que j'avais "empruntée" à mon paternel qui a fait l'appoint et à laquelle le pseudo noyé s'est accroché.
Les explications relatives au pourquoi de son état "humecté" auprès de sa mère ont mis fin à ma première tentative de scoutisme.