Les rêveries du promeneur (de chien) solitaire (13)
Y a pas que les fleurs blanches qui attirent mon attention au cours de nos promenades systématiques.
Depuis le début, un tas de "terre" blanche a accroché mon œil.
Il avoisine un autre tas, de fumier, lui. Ils attendent côte à côte que le "boer" du coin vienne les épandre sur un champ avant de labourer celui-ci.
C'est que ce minéral crayeux, j'en ai connu dans ma jeunesse lorsque j'habitais le long de la Haine.
Lorsque les terrassiers flamands se sont mis, comme je le mentionne dans le lien, à creuser le lit de la rivière (à l'abri de pales-planches, si vous vous inquiétez de savoir comment on peut creuser sous le niveau d'une rivière), sous la couche alluviale de charbon (que mon père appelait "schlamm"), ils ont entamé une couche de marne : un minéral blanchâtre et collant mélange de beaucoup de craie et d'un peu d'argile.
La présence de ce matériau expliquait l'existence de cimenteries dans les deux patelins qui encadraient le mien le long de la rivière : Obourg et Thieu.
Mon père, ce Flamand repiqué en Wallonie dans son jeune âge, le désignait sous son nom local : "marlette".
J'ai voulu savoir s'il était fondé d'utiliser ce vocable et j'ai découvert une annexe très intéressante d'une étude géologique de la région.
On y apprend en effet que la région est riche en craie et en marne, que la marne se dit marlette en wallon et que ses carrières s'appellent marnières ou marlières.
Marlière ! À l'athénée j'avais un condisciple qui s'appelait comme ça ! Il était Français et son père, vous savez quoi ?
Il était doyen de l'École des Mines de Mons !
Tout se tient !
Sauf que mon ami Marlière en rupture de la tradition familiale a fini dans le staff de la métallurgie grand-ducale.
Si vous êtes sages, je vous raconterai peut-être comment j'ai sauvé de la noyade René-Pierre, le fils de la concierge, qui ayant glissé sur ce matériau, s'était retrouvé dans la rivière.