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Entre nous
12 novembre 2018

Tout ça pour ça

 

Une sorte de petite brume se lève du sol pour y retomber mollement, c'est à peine si elle voile un peu le brillant des chaussures de l'opératrice.

Je pense à la fois au "Didn't he Ramble" de Louis Armstrong (Ashes to ashes, dust to dust) et à la vanité de nos existences.

Bye bye Héliette !

Effacés la vie sur les péniches, les transport de messages pour la résistance, les rencontres avec les GIs, la bohème parisienne, les mariages, les croisières...

Oui, elle était bavarde et aimait évoquer pour nous une existence pour le moins... agitée.

Dans sa chambre, une toile peinte à Montmartre en soixante-cinq la montre dans sa trente-septième année, sûre de sa beauté, nue, les bras croisés derrière la nuque, question sans doute de relever encore le côté provocant de ses seins. Elle vous fixe droit dans les yeux et sous ses cheveux auburn, ne sourit pas.

Ses nièces, mal à l'aise devant la chose, ont pensé découper la toile et l'envoyer avec elle à l'incinération. Finalement, elles y  ont renoncé.

Ah, ses nièces ! Pour préparer la cérémonie elles m'avaient demandé de leur dégoter de la musique avec, obligatoirement un "Ave Maria".

Me référant à sa vie d'enfant de bateliers, je leur ai proposé en plus "Le chaland qui passe" et, pour sa fréquentation des Américains le "Moonlight Serenade" de Glenn Miller. Je leur ai donc dégoté aussi un enregistrement d'un Ave Maria par Pavarotti et l'inmanquable Aria de la suite n°3 de Bach.

J'ai envoyé les adresses des fichiers Youtube correspondants à la société des pompes funèbres, pensant que les nièces discuteraient avec eux de l'ordre dans lequel passer les différents enregistrements en fonction de la cérémonie qu'elles envisageaient, mais bernique : ils ont tout laissé dans l'ordre où je les avais mis dans mon message.

C'est la première fois que je règle l'accompagnement musical d'une cérémonie dans un crematorium sans même savoir ce qui va s'y passer. Pour tout dire, c'est la première fois tout court.

Je ferais peut-être bien de m'occuper du déroulement de la mienne, on est si vite transformé en petit nuage de poussière !


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4 novembre 2018

Vous avez une idée ?

 

Tandis qu'assis au bord du lit je m'escrime à enfiler mes bas de contention (rigolez, vous verrez quand vous aurez de l'arthrose au genou), Delerm (le fils de l'auteur de La première gorgée de bière, ce bouquin que j'avais offert à ma cousine avec pour dédicace "En souvenir ému, délicieuse cousine, du monde éblouissant des amours enfantines") chante des souvenirs de vacances.

Il parle du siège arrière de la voiture qui l'y emmenait et qu'à l'époque il trouvait vaste.

Cela m'a fait souvenir de mes propres vacances lorsque j'étais enfant et particulièrement de celles où j'ai vu la mer (celle du Nord tant aimée d'Adrienne) pour la première fois.

Légère différence : mes parents n'avaient pas encore de voiture. Il fallait y aller en train et se coltiner les valoches depuis la gare d'Adinkerke jusque l'appartement loué pour tout le mois de juillet à La Panne. Vous affolez pas trop en regardant la carte, il y avait (et il y a toujours) un tram.

On ne devrait pas écouter ce genre de chansons, surtout quand on vient d'entamer sa septante-huitième année, ce qui a pour effet de vous faire exclure de la tribu des lecteurs (potentiels) du journal de Tintin ainsi que de celle des victimes de la maladie d'amour comme diagnostiqué par Sardou et de vous plonger dans des abîmes de souvenirs et de réflexions.

Après une revue rapide des événements qui ont jalonné mon existence, y pas photo : malgré le mitraillage par un Messerschmit, les traitements folkloriques contre le rachitisme et la scoliose, quelques maladies et interventions chirurgicales, j'ai eu une existence parfaitement heureuse, particulièrement en comparaison de celles que vivent aujourd'hui des milliards de gens ou de celles qui sont promises aux générations futures.

Et ça m'inquiète !

Ça m'inquiète parce que je n'ai pas conscience d'avoir fait quoi que ce soit pour mériter cela et qu'on m'a seriné que tout se paie un jour.

Bon, pour échapper de passer à la caisse, on peut se rabattre sur deux hypothèses :

  • l'absurdité du monde et de la grande loterie de la naissance qui fera de vous un être comblé ou misérable (vous savez bien : "les trottoirs de Manille" etc)
  • la métempsychose qui m'aurait fait mériter dans une vie antérieure celle peinarde d'aujourd'hui, mais alors je crains vachement pour la prochaine (encore que comme je ne me souviens pas de la précédente, je ne saurai pas que c'est moi dans la suivante)

Il y a sans doute un tas d'autres hypothèses, envoyez-moi un courriel !


1 novembre 2018

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Quand je sors, poussant mon caddie, de ce magasin que je fréquente régulièrement, une camionnette occupe l'emplacement  de parking le plus proche.

Elle me présente son flanc droit (en relativement piteux état) où figure en silhouette blanche la statue de la liberté. Celle-ci est soulignée d'une inscription en lettres capitales de quarante centimètres de haut :

HOER !

Ma connaissance du néérlandais ne va pas jusque là, mais celle de l'anglais vient à mon secours, les mots sont trop proches que pour laisser place au moindre doute : "(w)hore" dans cette langue, c'est "pute".

D'ailleurs, plus bas, en plus petits caractères, référence est faite au livre de l'Apocalypse, chapitre 17, verset 4 où figure la description de la grande prostituée.

Je ne suis pas un très grand fan des Uesses (surtout ceux d'aujourd'hui), mais de là à trimbaler mon antiaméricanisme primaire en lettres majuscules sur le flanc de ma bagnole, il y a encore de la marge. Y a des mecs gonflés quand même...

Bon, un jour, à l'époque de l'affaire des écoutes, sur le blog des défis du samedi, j'avais bien remplacé le flambeau de Lady Liberty par un micro, je lui avais collé des écouteurs sur les oreilles et inscrit un grand NSA sur la poitrine, mais c'était de bonne guerre, non ?

Inutile d'entamer une recherche, l'image a disparu lors d'un des problèmes de serveurs de Canalblog.


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