Vous avez une idée ?
Tandis qu'assis au bord du lit je m'escrime à enfiler mes bas de contention (rigolez, vous verrez quand vous aurez de l'arthrose au genou), Delerm (le fils de l'auteur de La première gorgée de bière, ce bouquin que j'avais offert à ma cousine avec pour dédicace "En souvenir ému, délicieuse cousine, du monde éblouissant des amours enfantines") chante des souvenirs de vacances.
Il parle du siège arrière de la voiture qui l'y emmenait et qu'à l'époque il trouvait vaste.
Cela m'a fait souvenir de mes propres vacances lorsque j'étais enfant et particulièrement de celles où j'ai vu la mer (celle du Nord tant aimée d'Adrienne) pour la première fois.
Légère différence : mes parents n'avaient pas encore de voiture. Il fallait y aller en train et se coltiner les valoches depuis la gare d'Adinkerke jusque l'appartement loué pour tout le mois de juillet à La Panne. Vous affolez pas trop en regardant la carte, il y avait (et il y a toujours) un tram.
On ne devrait pas écouter ce genre de chansons, surtout quand on vient d'entamer sa septante-huitième année, ce qui a pour effet de vous faire exclure de la tribu des lecteurs (potentiels) du journal de Tintin ainsi que de celle des victimes de la maladie d'amour comme diagnostiqué par Sardou et de vous plonger dans des abîmes de souvenirs et de réflexions.
Après une revue rapide des événements qui ont jalonné mon existence, y pas photo : malgré le mitraillage par un Messerschmit, les traitements folkloriques contre le rachitisme et la scoliose, quelques maladies et interventions chirurgicales, j'ai eu une existence parfaitement heureuse, particulièrement en comparaison de celles que vivent aujourd'hui des milliards de gens ou de celles qui sont promises aux générations futures.
Et ça m'inquiète !
Ça m'inquiète parce que je n'ai pas conscience d'avoir fait quoi que ce soit pour mériter cela et qu'on m'a seriné que tout se paie un jour.
Bon, pour échapper de passer à la caisse, on peut se rabattre sur deux hypothèses :
- l'absurdité du monde et de la grande loterie de la naissance qui fera de vous un être comblé ou misérable (vous savez bien : "les trottoirs de Manille" etc)
- la métempsychose qui m'aurait fait mériter dans une vie antérieure celle peinarde d'aujourd'hui, mais alors je crains vachement pour la prochaine (encore que comme je ne me souviens pas de la précédente, je ne saurai pas que c'est moi dans la suivante)
Il y a sans doute un tas d'autres hypothèses, envoyez-moi un courriel !