C'est bien parce que c'est elle

L'Adrienne invite ses lecteurs à partager son jeu. Comme je le dis en titre, c'est bien parce que c'est elle !

Quand j'étais adolescent je croyais que, sans doute, la vie c'est autre chose. J'ai vécu trois ans dans un pays occupé. J'ai passé de longs instants à faire des plans pour habiter dans cinq mètres carrés. Je regarde toujours devant moi, de toute façon le piéton ou le deux roues que je manque écraser vient toujours du côté où je ne regarde pas. Je ne dis (presque) jamais de mal de mes amis. La fin d'un voyage ne vient jamais assez tôt. J'oublie rarement un visage mais presque toujours le nom qui lui est associé. J'ai peut-être parlé sans le savoir à quelqu'un qui aimait Proust. Pour voir une impasse, je regarde ma vie. Jusqu'il y a peu, je me croyais éternel, quel soulagement d'apprendre que je ne m'emmerderai pas pour l'éternité ! Quand les gens ne me trouvent pas de surnom, je m'arrange pour leur en souffler un. À deux ans, j'ai dit "Boches" à deux officiers de la Wehrmacht. La compétition, je trouve ça idiot, pourtant, j'ai joué au foot. J'ai jamais eu besoin de vieillir pour être rétrograde. Assis jambes nues sur du skaï, saleté de synthèse de première génération, je transpire comme un porc et pue comme un bouc. Je suis trop con que pour pouvoir tromper qui que ce soit. J'annonce ma mort prochaine au moins une fois par jour, pour conjurer le sort. Je ne m'aime pas trop, mais toujours mieux que les autres. Satan est en chacun d'entre-nous, mais perso, je préfère Lucifer. Je ne savais même pas que j'avais un casier judiciaire. Les saisons, comme je ne peux rien y faire, en bon Bruxellois, je "fais avec". Je ne m'ennuie jamais puisque je suis toujours en ma compagnie. Je visite les musées au pas de course, mais bientôt ma hanche et mon genou me l'interdiront. J'aime manger et presqu'autant boire parce qu'on trouve plus facilement des trucs comestibles que des trucs buvables. Je n'écris que poussé par la nécessité (et les copines proposant des jeux idiots). J'évite autant que possible les pays étrangers : je ne sais déjà pas grand-chose du mien, alors...

Voilà. Ça vous apprendra à demander !

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Comments

[Marie O]

Je suis en train de faire défiler les comm' pour y ajouter le mien et FredO de me dire "vingt dieux, c'est des commentaires tout ça", de lui répondre, "oui, je suis chez Walrus" et FredO de me dire "oui mais Walrus, c'est une institution", du coup, je me sens plus l'âme de relever que nous avions tout de même pas mal de points communs, rires.

[Berthoise]

Ça alors, un jeu comme je les aime.

Je vais jouer, c'est sûr.



Je te reconnais. SI.

[gballand]

Un exercice qui permet de vous connaître un peu mieux, même si, évidemment, vous nous avez réservé des morceaux "choisis" ;) J'aime bien votre sens de l'auto-dérision...

[Joe Krapov]

Plié de rire ! Merci, cher oncle !

[quartzrose]

Walrus, à mon avis, c'est Proust qui vous empêche de dormir o;))))

[Un homme]

Je ne jouerai pas le jeu - Célestine et toi êtes trop forts - mais j'ai bien aimé ton texte, surtout le côté auto-dérision...

[Brigou]

Après le portrait d'Adrienne, je prends plaisir à lire le tien :-)

Je ne te connais pas, en vrai comme on dit, mais je trouve que ce portrait te ressemble beaucoup !

Bises de mes montagnes Walrus.

[celestine T]

Adolescente, je croyais que passés 19 ans, on était vieux. J'ai passé trois ans et trois mois à apprendre le grec ancien et il ne men reste rien. Je préfère regarder le monde avec mes lunettes roses. Un de mes amis est un écrivain connu. La fin d'un voyage est le début d’un autre. J'oublie le mal que l’on me fait. J'ai peut-être parlé sans le savoir avec le futur président de la république. Je vais regarder un épisode de ma série fétiche. Ce qu'il y a au bout de la vie ?...la suivante. Je n'écoute pas les pessimistes. Je m'étonne encore que les oiseaux puissent se poser sur des fils électriques. Je suis lente à comprendre que quelqu'un se comporte mal avec moi, tant je suis surprise que cela m'arrive : le mal est en quelque sorte irréel. Je n’archive pas grand chose à part les souvenirs sentimentaux. J'ai parlé à Serge Lama à l'âge de quinze ans. La compétition ne me stimule que dans les défis d’écriture. Décrire précisément ma vie équivaudrait à lui ôter son mystère. Je me demande si, en vieillissant, je deviendrai con. Assise jambes nues sur du skaï, je dois être sexy. J'ai trompé ma marchande de fruits, je lui ai dit que ses pêches étaient bonnes. Je plaisante avec tout ou presque mais pas avec n’importe qui. J’apprends à m’aimer. Je ne me déteste plus. Je n'oublie jamais l’anniversaire des gens que j’aime. Je ne crois pas que les financiers soient des êtres humains. Mon casier judiciaire est vierge et compte le rester. J'aimerais que les saisons oublient de passer par l’hiver. Je ne m’ennuie jamais. J'arpente les lieux apaisants et je déjeune dans des restaurants accueillants. En matière de nourriture, j’aime tout ce qui est bon. Je ne peux pas écrire tranquillement avant que tout le monde soit couché. Je me passe facilement de télé mais pas d’internet. Dans un pays étranger, j’espère toujours qu’un sourire a la même valeur que chez moi.

¸¸.•*¨*• ☆

[kkushiken]

euh...

J'ai rien compris au jeu, il n'y a pas de règle, ou alors elles m'échappent...

il semble qu'il faille utiliser des mots ou des phrases... mais lesquelles ?

Lol.

[Un ange qui pass]

J'arrive à cerner un peu plus le "personnage" que vous êtes :) et j'aime ce que j'ai lu !

je suis d'accord avec la fin du billet, moi aussi, je connais qu'une infime partie de mon pays, je ne ressens pas le besoin d'aller dans des pays étrangers.

Bon dimanche Walrus :)

[Lorraine]

Walrus, je t'adore!.. Pardon pour cet aveu public, Adrienne a réussi à te faire écrire des choses si vraies et si disparates que mon coeur se réjouit! Et puis, tu as réussi, mine de rien, à évoquer Proust...Tu mas fait rire. MERCI!

[Adrienne]

même avec un "exercice" comme celui-là, tu réussis à faire sourire (d'attendrissement)