Retraite anticipée
Régulièrement, dans cette petite fenêtre en haut à droite de mon écran, apparaît l'une ou l'autre photo du temps de mes activités laborieuses (normal, je travaillais dans un labo). À chaque fois, j'ai un petit pincement au cœur.
Je sais que pour la majorité de mes contemporains cela doit sembler incroyable : non seulement j'ai été parfaitement heureux au boulot, mais pire, s'il n'avait tenu qu'à moi, j'y serais encore.
Quand j'ai été engagé dans ces circonstances que j'ai déjà évoquées à l'intention d'Anaïs, la convention du secteur chimie établissait l'âge de la retraite à soixante-deux ans. Suite à des problèmes de financement des retraites complémentaires, il a ensuite été porté à soixante-cinq.
Aussi, lorsqu'il m'a été proposé de partir à soixante et un ans ai-je refusé tout net.
L'année suivante, ma double hiérarchie (poussée dans le dos par la DRH) est revenue à la charge. Ma directrice arguant de son prochain départ vers d'autres sphères où elle ne pourrait m'emmener dans ses bagages, ma chef de service disant de son plus suave accent flamand que son papa non plus ne voulait pas partir mais n'avait jamais regretté de l'avoir fait.
Ce qui m'a finalement décidé, c'est que durant cette dernière année, j'avais passé presque autant de temps à l'hosto qu'au boulot, que si ça se trouvait ça allait continuer et que ça ferait chier le monde et donc, basta et place aux jeunes ! C'était quand même l'âge convenu à mes débuts.
Je le regrette encore.
Ça vous étonne ? Faudrait peut-être que je vous montre les photos...
Bourré (de cortisone) et entouré de ma hiérarchie
Ma directrice porte un foulard de soie réalisé par mon épouse
Bourré (de chocolat) au bar du Métropole
entouré de notre secrétariat
Ah, vous comprenez mieux, maintenant ! (Et vous n'avez même pas vu mes collaboratrices...)
Je dois à la vérité de dire que depuis que cette société que j'ai quittée a absorbé un groupe français et que mon ex-hiérarchie se plaint avec un ensemble touchant de la nouvelle ambiance consécutive à ce deal, déclarant à qui mieux mieux vouloir partir à la moindre ombre de proposition, j'ai un peu moins de regrets.
Ben oui, on se voit encore, ça ne fait quand même que douze ans que je suis parti !