Stupeur et tremblements (comme s'écrieraient en chœur mes deux compatriotes Adrienne et Amélie)
Donc, comme vous l'avez appris avec stupeur lors de l'épisode précédent, mon épouse et moi-même avons passé trois jours dans un petit hôtel au pied du Cap Blanc-Nez : chambre confortable fraîchement réaménagée, personnel d'une extrême gentillesse, petits-déjeuners copieux mais un brin chérots, WiFi gratuite mais extrêmement poussive.
Nous avions décidé d'arriver par le Cap Gris-Nez, puis de remonter la côte pour rejoindre Escalles. La journée était belle et la mer calme, on distinguait parfaitement la côte anglaise et ses falaises et on devinait même les installations portuaires de Douvres. Mon veston de velours léger suffisait à me garantir une température acceptable.
Le lendemain par contre, lorsque ma moitié décida de se rendre au sommet du Blanc-Nez, il faisait un brin frisquet et il y régnait un vent de tous les diables. La chienne aux oreilles naturellement pendantes les avait bien (re)dressées. Pour affronter les éléments, nous avions dû revêtir nos parkas et en relever les capuchons pour éviter l'envol des couvre-chefs (et le gel des oreilles).
"J'ai l'impression de porter une burqa !" me dit mon épouse et elle ajouta, me tendant son appareil : "Tiens, prends une photo !".
Je me saisis de la chose, cadrai soigneusement le sujet et poussai sur le bitoniau déclencheur.
Devant mes yeux ahuris, un message apparut :
Mémoire insuffisante
"Mordious !" m'écriai-je, espérant récupérer un peu de chaleur occitane en usant d'un mot de là-bas, "Même ce machin est atteint d'Alzheimer!"
En fait, mon épouse avait laissé la carte mémoire de l'engin dans le slot ad hoc de son ordinateur et avait saturé la mémoire interne du Nikon avec ses photos de la veille, c'est con !
Bah, du Cap Blanc-Nez, on descend vers Sangatte, on traverse le patelin, et deux ronds-points plus loin, on tombe sur une route qui mène directement à l'Auchan de Calais...