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Entre nous
27 décembre 2013

Rencontre

Je suis assis à contre sens du déplacement, sur ce siège de bout de rangée légèrement désaxé où vos pieds posent sur la rotule du tram articulé, ce qui fait que dans les virages, ils se déplacent indépendamment de vous.

Le véhicule stoppe, les portes s'ouvrent, elle monte à bord et s'installe face à moi (si l'on veut bien considérer que le fait d'être aux extrémités d'une ligne passant par le centre de rotation de l'articulation fait de nous des vis-à-vis).

Elle a la quarantaine rayonnante. Son manteau noir à la coupe classique et ses bottes de cuir de bonne facture détonnent un peu parmi les anoraks bariolés et les baskets aux lacets traînant au sol de ses voisins immédiats. Son visage  discrètement maquillé est encadré de cheveux bruns coupés au carré mais avec juste le brin de gonflant suffisant à souligner le charme de ses traits. Tout en elle respire l'élégance et la classe.

C'est alors qu'elle tire de son sac, bien dans la ligne du reste lui aussi, un livre qu'elle se met à lire. Le nom de l'auteur y figure en caractères démesurés, bien lisible malgré la distance :

 

levy

Personne n'est parfait...

 

(Et n'ajoutez pas "Ça fait peur !")


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26 décembre 2013

Lentticchie cotechino e zampone

C'est pas que je sois particulièrement gourmand, mais si j'étais riche, j'irais tous les jours du mois de décembre chez Al Peperone. Et si j'étais encore plus riche, je les obligerais à mettre à la carte toute l'année cette recette italienne traditionnellement réservée au temps du nouvel-an.

Le zampone, c'est un pied de porc farci :

zampone

Le cotechino est une saucisse à cuire, un peu le genre Morteau mais dont la peau est constituée de couenne, d'où son nom.

Le plat lui-même ressemble à ceci :

lentillesJPG

Et ne me dites pas qu'il faut être italien pour aimer ça, j'ai même trouvé une Célestine qui en raffole !

Hélas, elle ne dit pas un mot du petit Cannonau de Sardaigne qui va si bien avec (protectionnisme viticole français, j'imagine), alors, je m'y colle :

cannonau-s-annada-sedilesu


25 décembre 2013

Ein Weihnachtsoratorium

Dans le tram 3, l'inmanquable accordéoniste interprète, j'irais même jusqu'à dire réinterprète, un medley d'airs que je reconnais  ("Sous le ciel de Paris", je suis certain) ou crois reconnaître dans leurs notes de début parce qu'après, l'improvisation domine et finit par prendre des chemins audacieux. Le massacre est cependant moins sanglant que celui que je vous avais rapporté dans un billet antérieur.

Comme, courses de fin d'année obligent, le tram est plutôt bondé, j'en suis à me demander comment le virtuose de l'impro à soufflet va se débrouiller pour passer dans son public captif, lorsqu'une petite fille émerge d'entre deux voyageurs, munie d'un gobelet en carton paraffiné et le tend dans ma direction. Comme elle est très jeune, je me laisse attendrir malgré la piètre prestation du musicien, plonge la main dans ma poche et la ressors avec quelques pièces de monnaie. Au moment où je tends la main pour laisser tomber une pièce de deux euros dans son récipient, la fillette donne un coup de celui-ci sous mes doigts, dans le but de me faire lâcher le reste de la monnaie. J'ai tenu bon, mais j'étais à deux doigts, c'est le cas de le dire, de lâcher.

Une pro ! Six ans et pro de la manche... 

Et je crains fort que ce ne soit pas demain qu'elle verra les bancs de l'école.


22 décembre 2013

On va finir par le savoir !

C'est marché de Noël au Bois du Cazier à Marcinelle. Mon épouse m'y a entraîné; elle voulait y rencontrer quelqu'un.

Autour de cet ancien charbonnage célèbre depuis qu'une catastrophe s'y est produite au temps déjà lointain de son exploitation, il n'y a pas une place de stationnement à dégoter. Aussi ai-je déposé ma moitié à l'entrée avec pour consigne de m'appeler dès qu'elle en aura terminé avec son amie.

À force de chercher un endroit où attendre son coup de fil, je finis par découvrir un immense parking complètement désert en face du cimetière local. Celui-ci est établi sur une butte qui domine le charbonnage : il se trouve à quelques centaines de mètres de ce qui fut son principal fournisseur.

Malgré mon goût des endroits reposants, je ne le visite pas : le soir tombe, il fait de plus en plus sombre et une petite promenade avec le chien m'a déjà permis de goûter le côté mordant du vent d'hiver qui balaie le sommet de cette colline. Et de toute manière, je sais que j'y trouverais le carré réservé aux victimes des catastrophes minières, je connais par cœur ce genre d'endroit, je suis né à quelques kilomètres, au beau milieu du "Pays Noir". Je reste donc dans la voiture, le téléphone à portée de main.

À la radio, Xavier Deutsch vante les qualités de la collection "La Pléiade". Dommage qu'il croie utile lui aussi à cette occasion de nous assurer qu'on n'est plus le même homme quand on a terminé la lecture de...   À la Recherche du Temps Perdu !

Enfonceur de portes ouvertes !

Évidemment qu'on est un autre homme, avec le temps qu'on y passe on est vachement plus vieux qu'avant de s'y être mis.

Dommage, avant je l'avais trouvé bien ce garçon qui prônait la circulation des livres (en les abandonnant dans des endroits publics accompagnés d'une petite note engageant le découvreur à les lire et à continuer la circulation) et déclarait qu'il n'aimait pas les auteurs qui croient utile d'expliquer aux lecteurs comment lire leur œuvre. Tandis que vous écrivez votre roman, disait-il, vous êtes le maître, vous en faites ce que vous voulez, mais dès que vous le faites éditer, il ne vous appartient plus, il devient la chose du lecteur qui en fait à son tour ce qu'il veut et l'interprète de la façon qui lui chante. Et si ça ne vous plaît pas, ben tenez-le pour vous votre bouquin !

Ouais, dommage, il était bien ce garçon avant de ramener sa madeleine...

madeleine1_3


15 décembre 2013

Un monde d'images

Moi qui depuis des années me confine dans le rôle et l'attitude du mari soumis, l'autre jour j'ai eu un mouvement insensé : j'ai relevé la tête un instant.

Oh, ce n'était pas dans un geste de défi ou de rébellion, je sais trop bien où est ma place, disons plutôt un réflexe ancien autant que malheureux. J'ai relevé la tête et c'est là que je l'ai aperçu.

Un vieux schnok qui prenait un air de plus en plus étonné au fur et à mesure que son attention semblait se concentrer sur moi. Comme il semblait me scruter à la recherche de je ne sais quel détail ou souvenir, j'ai fait de même à son égard. Ben, effectivement, sa tête me disait quelque chose à moi aussi.

Ce n'est que  quand j'ai repéré la tablette où foisonnaient brosses, flacons et tubes divers qui barrait sa poitrine que j'ai réalisé que ce vieillard n'était autre que mon image spéculaire.

Ça m'a fait un choc, j'ai eu du mal à retrouver dans ce vieux débris l'un ou l'autre trait correspondant à l'image qu'en interne j'avais conservée de moi-même. Mais il faut me rendre à l'évidence : même s'il me renvoie renversée cette image renversante, un miroir plan reste un témoin impartial. Ce schnock sénile, c'est bien moi.

Remarquez, j'aurais dû avoir la puce à l'oreille. Par trois fois déjà, ces derniers temps dans le tram, des personnes (dont une jolie maghrébine) ont voulu me céder leur place assise.

 trambondé


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