Les trois sœurs
Voilà trois semaines aujourd'hui, mdqltpv*, j'assistais avec mon épouse aux funérailles du mari d'une de mes cousines. Funérailles est impropre puisqu'il s'agissait d'absoutes, de crémation et de dispersion, mais là n'est pas mon propos.
Nous constations une nouvelle fois, mes cousines et moi-même, que nous ne nous rencontrions pratiquement qu'en de telles circonstances et nous nous promettions une fois de plus de remédier à ce triste état de fait, avant que les funérailles de l'un d'entre nous ne se retrouve le prétexte de la prochaine réunion. Les probabilités en ce sens vont croissant : personne ne rajeunit, nous n'avons bien sûr plus de parents et je suis le seul encore pourvu d'un conjoint mais ça ne vaut pas, vous connaissez la propension des femmes à survivre à leur(s) époux.
Ces cousines sont trois, d'où mon titre. Titre qui, votre immense culture oblige, vous évoque immédiatement Tchékhov, même si, comme moi, vous n'avez jamais vu ni même lu cette pièce (Bon, ça, c'est arrangé. C'est quand même pratique Internet (et qu'est-ce que c'est chiant la lecture d'œuvres théâtrales, surtout de Tchékhov)).
Sans en avoir jamais lues, mais pour avoir vu les couvertures des éditions de poche de ses œuvres ou les affiches de leurs représentations, j'imaginais que le monde de cet auteur baignait dans la quiétude, la douceur d'un farniente aux accents russes et j'associais volontiers cette ambiance à l'image de mon trio de parentes. J'aurais peut-être pas dû lire la pièce, ça gâche un peu mes impressions maintenant !
Bien sûr, elles ne sont pas russes (encore que...) mais en dignes Namuroises au parler à la fois chantant et traînant, elles évoquent le calme et la douceur. L'aînée a la voix un soupçon voilée, juste ce qu'il faut pour la rendre encore plus caressante. La suivante, férue d'astronomie, ex-mannequin québécois mais que ne rebutent pas les travaux de la construction, reste une belle femme malgré ses quatre-vingt piges. La dernière qu'un rien étonne ou émerveille, même si elle a son caractère, est ma préférée, c'est que nous sommes très proches en âge, si bien qu'un beau jour, même ...
Oui, ça leur va comme un gant cette image que j'avais de l'œuvre de Tchékhov...
Coïncidence, c'est justement sous le cerisier de son jardin qu'on a dispersé (les cendres de) Roger.
* "Mon dieu que le temps passe vite !"
J'utiliserai à l'avenir des abréviations, comme il est de coutume dans l'e-monde, en lieu et place des expressions et poncifs de circonstance tout faits et rebattus au fil des blogs comme une vulgaire madeleine à Marcel...