Je dois avoir une tête de pigeon
Ce matin, tandis que je parcours les nouveautés bloguesques signalées à ma bienveillante attention par G**gle Reader, un bruit attire mon attention.
L'immanquable ouvrier polonais qui depuis hier creusait d'abord autour de puis sous notre terrasse à la recherche des restes des tuyaux d'évacuation emportés par un effondrement de terrain consécutif à une fuite ancienne dans le collecteur principal tambourine sur le vitrage de mon living du bout du manche de sa brosse (je m'arrête avant de décrire l'usage habituel de la brosse, faudrait pas me prendre pour Marcel, non plus).
Bob de guingois et large sourire aux lèvres, il me demande si "Moi pouvoir emprunter toi électricité parce que prise du hall problème fusible ou quoi..."
J'ai branché son allonge sur la réglette alimentant la MAP (Machine A Pain, qu'alliez-vous penser ?) sans m'inquiéter de la façon dont il allait me restituer les watts heures "empruntés".
Et ça m'a fait souvenir d'une autre aventure.
Au début de son immobilisation, mon épouse m'envoie rechercher des soies peintes chez la dame qui les fixe. En sortant de là, je croise sur mon chemin un gaillard qui me semble d'origine italienne et qui lance à l'épicier du coin lequel est lui d'origine maghrébine "Avec l'argent qu'ils dépensent pour ces papiers, on pourrait nourrir l'Afrique !" (C'était un peu avant les élections communales).
Je me dis que celle-là, faudra que je vous la raconte et je m'arrête pour la noter (ben oui, je suis organisé, je trimballe partout un carnet que je n'utilise jamais). Mal m'en a pris, car profitant de cet instant, une dame, enceinte jusqu'aux dents, me hèle et me rejoint.
Elle me balance les yeux larmoyants et la voix assortie une histoire où elle sortirait de l'höpital Saint-Pierre voisin, son futur bébé serait malade et elle disposerait d'une ordonnance qu'elle ne peut faire exécuter faute de disposer des vingt-quatre euros nécessaires. Je lui réponds que je n'ai pas vingt-quatre euros sur moi. Si vous en aviez vingt, enchaîne-t-elle aussitôt, la pharmacienne me donnerait certainement le médicament.
Je n'ai que cinq euros lui dis-je en les lui extrayant de mon portefeuille. Elle les a pris en soupirant et nous nous sommes quittés.
Je vieillis, c'est dingue ! Je manque de réflexe ! Je venais de passer devant une pharmacie, j'aurais dû lui proposer d'y entrer et de payer avec ma carte de banque. J'aurais sans doute économisé cinq euros car la dame s'était bien gardée d'exhiber la fameuse ordonnance.
Ouais, je dois avoir une tête de pigeon !
Mais ça ne date pas d'aujourd'hui !