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Entre nous
23 octobre 2010

Jean

Hier, mon épouse et moi nous trouvions chez Makro pour y faire des courses, fête d'anniversaire oblige.

Au rayon vins (où aurait-ce pu être d'autre ?), je l'aperçois. Il lève la tête, me regarde l'air incrédule, puis me sourit. Il pousse vers nous son charriot contenant en tout et pour tout un pack d'Orval et une caisse de Médoc (non, Monsieur, le mien ne contenait à cet instant qu'une rame de papier A4, parfaitement !) et s'arrête à notre hauteur. Des années que nous ne nous sommes plus rencontrés.

Le moment de surprise passé, nous échangeons les informations d'usage entre personnes de nos âges :

  • perte de pancréas et le traitement subséquent
  • ablation de prostate
  • débouchage des uretères
  • traitement par cortisone de HSF
  • ennuis de genoux
  • charcutage d'urgence de hernie discale
  • aventures avec le SAMU
  • transfusions  sanguines
  • régimes alimentaires stricts et les entorses y afférant

Bien sûr, nous avons négligé quelques détails (phlébites, hypertension, vue qui baisse, poids qui monte, etc) pour enfin constater que pour l'instant : tout baigne !

Nous sommes tous deux chimistes et nous travaillions pour la même société. Quand nous nous sommes connus, il dirigeait les groupes d'intervention (électricité, tuyautage, etc) je faisais dans l'analyse par rayons X. La chimie mène à tout !

Je lui ai fait découvrir le squash (mal m'en a pris, après deux semaines il m'écrasait régulièrement malgré qu'il fût de cinq ans mon aîné). Nous sommes devenus amis. Chaque matin je passais le saluer dans son bureau tout en prenant un thé à la menthe préparé par Momo, un de ses ouvriers.

Un jour, il m'a parlé des problèmes de gestion du garage que tenaient sa fille et son beau-fils. J'ai proposé de lui écrire un programme en dBase (compilé sous Clipper). Au début, ça fonctionnait bien : il me décrivait les écrans de saisie désirés, les rapports à établir, je construisais les tables nécessaires et le mécanisme d'exploitation sous-jacent. L'ennui, c'est que nous faisions ça chez lui quelques soirs par semaine et qu'après l'apéro et le petit dîner arrosé de Larose-Trintaudon (son Médoc favori),  tandis que nos épouses discutaient au salon, nous n'avions plus les idées très claires ni beaucoup de temps disponible pour la programmation. J'ai donc décidé d'achever la chose chez moi, ça a tout de suite progressé plus rapidement. Certainement un des rares programmes où la gestion de stock autorisait l'introduction "en stoemelings" de pièces de récupération !

Mis en appétit par le bon fonctionnement de la chose, il m'a ensuite demandé de lui écrire un petit machin pour gérer son boulot professionnel en attendant que les mecs du département informatique le fassent dans SAP. En quelques semaines, je lui ai écrit un programme qui gérait tout : demandes de travail, pointages du personnel, gestion des contrats de sous-traitance, gestion du stock, facturation des travaux etc, etc. Cela a tourné pendant quatre ans au cours desquels il connaissait au jour le jour ce que la comptabilité officielle lui apprenait après deux mois avant que les mecs du SAP ne pointent leur nez.

Entre temps, nous avons joué au squash, participé à des tournois, séjourné en Bourgogne (ah, le Bâtard-Montrachet et le Saint-Aubin !), vécu des soirées mémorables. Son épouse s'appelle Hildegarde, une dame délicieuse, aussi calme et gentille qu'il est soupe au lait, vraiment bien assortis, oui !

Pour conduire ma fille à son mariage, j'ai eu droit à une BMW bicolore à plancher en bois et phares sur les garde-boue. Jean et son beau-fils avaient dû monter d'urgence la nuit précédente une pompe à essence électrique pour la faire démarrer.

Un jour, il a quitté la société, nous nous sommes encore vu deux ans puis, pris par ses nouveaux boulots, il a disparu.

Hier, je lui ai donc filé nos numéros de téléphones, il va nous rappeler : un de ses petits-fils a ouvert un resto dans le Brabant flamand. Encore quelques entorses à quatre régimes en vue !

Kampenhout


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19 octobre 2010

Tout ça c'est la faute au bandit corse...

Vous connaissez tous les histoires belges. Mais connaissez-vous l'histoire belge ? Eh bien, elle aussi veut que l'on se frite !

Je ne vais pas remonter jusqu'au déluge, ni même jusqu'à la révolution brabançonne (encore que ce serait intéressant), je ne vais remonter que jusqu'au grand coupable de la bisbrouille linguistique nationale : Napoleone di Buonaparte.

Dans les territoires conquis par la France à l'issue de la révolution, les populations Flamandes et Wallonnes parlent des dialectes locaux. La bourgeoisie et la noblesse parlent le langage du souverain du moment. Elles sont bien entraînées : quand nous ne sommes pas espagnols, nous sommes autrichiens et quand nous ne sommes pas autrichiens, nous sommes français (sauf les Liégeois qui sont allemands).

Le premier-consul, puis l'empereur vont s'attacher à franciser les départements belges par des méthodes variées et imaginatives, supposant qu'une langue unique aidera à l'unification du pays. Cette action s'adresse bien évidemment par priorité aux classes dirigeantes et à la bourgeoisie industrielle naissante.

Si bien qu'à la chute de l'empire, lorsque les alliés vont constituer le royaume des Pays-Bas, ils vont associer aux provinces néerlandophones et protestantes du nord les provinces du sud catholiques et dont la classe dirigeante est francophone.

Le nouveau monarque, Guillaume premier d'Orange va mettre en œuvre la même politique linguistique que Napoléon : accès des postes directeurs de l'état, des administrations et de l'armée aux seuls néerlandophones. Ce qui, en plus des questions religieuses, ne manquera pas d'indisposer les Belges et va mener à la révolution de 1830.

Le nouvel état va donc se constituer en réaction à cette suprématie néerlandaise et se doter d'une constitution et d'une administration uniquement francophones.  La constitution belge ne se verra dotée d'une version officielle en langue néerlandaise qu'en... 1967 !

Le mouvement flamand va naître de cette domination exclusive du français sur l'état belge (le néerlandais ne sera reconnu comme ayant la même valeur juridique que le français qu'en 1898), mouvement qui va obtenir en 1921 que le néerlandais devienne la langue officielle (dans l'administration, la justice et l'enseignement) de la partie flamande du pays.

Mais pendant très longtemps (et sans doute encore un brin aujourd'hui) le néerlandais sera snobé par les francophones, comme étant une langue de faible importance internationale et de peu de valeur culturelle.

Ce qui accentue aujourd'hui la division des deux communautés, c'est que si la Wallonie a été dès le début de la Belgique le moteur économique de l'état, grâce à son industrie lourde, la tendance s'est inversée aux alentours des années soixante et les Flamands, après avoir bénéficié de la solidarité nationale pendant cent-trente ans commencent à trouver saumâtre de "subsidier" les Wallons (chômeurs et fainéants) depuis cinquante ans.

La Flandre, pour prendre une comparaison italienne, est devenue une espèce de "Ligue du nord" qui voudrait réserver sa richesse à son usage exclusif, tout en refusant de lâcher Bruxelles (où, bien qu'étant très largement minoritaires, les Flamands bénéficient d'une minorité de blocage garantie) qui leur rapporte beaucoup plus qu'elle ne leur coûte, l'hinterland de cette ville s'étendant largement sur le territoire flamand.

Je crois utile de spécifier que ce sont les Wallons qui ont refusé, lorsqu'il eût encore été intelligent de le faire, d'ériger la Belgique en état simplement (pour ne pas dire "bêtement") bilingue. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, n'est-ce pas ?

On n'est pas sortis de l'auberge (espagnole) !

Querelle


13 octobre 2010

Leuven

Samedi, nous étions conviés à une "petite fête" chez mon ex-chef. Elle et son mari (une sommité dans le domaine des implants cochléaires) fêtaient leur centenaire cumulatif  : ils ont tous deux cinquante ans. Ils ont une maison dans la périphérie de Louvain et avaient pour l'occasion fait couvrir leur terrasse par une tente (ou un chapiteau, c'est comme vous voulez), nous étions une bonne cinquantaine de convives.

Au menu : mouton à la broche ou buffet végétarien (ou combinaison des deux). Une petite formation musicale, plutôt jazzy, agrémentait la soirée.

Les invitations spécifiant "à partir de dix-huit heures" mais pas à partir de quand il serait trop tard, nous y sommes allés pour le début ou presque.

À l'exception de nous et de quelques collègues actuels de Greta (c'est le prénom de cette délicieuse petite Flamande que j'ai eu le bonheur de côtoyer pendant vingt ans), toute l'assistance était flamande. Si bien que lorsque nous sommes débarqués et pendant près d'une heure, nous étions les seuls francophones présents.

Comme Greta recevait ses invités au fur et à mesure de leur arrivée, nous sommes restés seuls dans notre coin... juste le temps que sa sœur et son époux nous repèrent et viennent nous faire la conversation en français tout en dégustant un petit vin blanc du Hageland d'excellente qualité.

Durant toute la soirée, toutes les personnes que nous avons croisées se sont adressées à nous dans notre langue, comme si dans ce pays, les problèmes communautaires étaient réservés à la seule classe politique. Vous me direz : "Louvain, ce n'est pas la Flandre, c'est le Brabant !". Et vous aurez raison, avant d'être supplantée par Bruxelles, Louvain était la capitale du duché de Brabant et c'est donc là que le mythique roi Gambrinus, bien connu des buveurs de bière, avait sa cour. Il n'était pas plus roi que moi, puisqu'il s'agissait en réalité de Jean premier, duc de Brabant. Mais je m'égare...

Revenons au mouton. Il y a quand même quelque chose que le Wallon empreint de mauvaise foi que je fus est forcé de constater : toute la famille de mon père était flamande et j'ai quelques amis flamands. Que tous ces gens viennent chez nous ou que nous nous rendions chez eux, on parle toujours français. Jamais nous ne faisons un effort pour parler néerlandais. Je peux comprendre que les Flamands puissent ne pas trouver cela drôle tous les jours, même si dans le cadre familial ou amical ils écrasent, si j'ose dire.

J'en connais qui insinueraient que même si l'on parlait néerlandais, certains Flamands aussi devraient faire un effort, mais ça, c'est un faux débat parce que je sais des tas de Wallons qui ont les mêmes problèmes avec le français.

Si vous êtes sages, je vous confierai les bases historiques de cet étrange comportement. Comportement dont je tiens à préciser immédiatement qu'il n'est pas à l'honneur des francophones de mon pays.

mouton


6 octobre 2010

J'y suis retourné

Oui, je n'en ai pas parlé tout de suite, mais comme je vous l'avais promis, j'y suis retourné et j'ai photographié la chose. Quel boulot, hein ? Pas la photo, l'aquarelle pour illustration botanique (n'hésitez pas à cliquer).  Et le peintre n'est même pas bénédictin...

aquarelle

Je me demande ce qu'en pensera Pivoine, la spécialiste des glacis. Au fait, avec un pseudo pareil, elle aura peut-être droit à son portrait par l'artiste (Van de Kerkhove) ;o)


3 octobre 2010

Bonjour !!!

scramNous générons parfois des choses amusantes sans le vouloir. Ainsi, hier, le Papistache (je l'appelle souvent comme cela parce qu'il est unique et que je ne puis m'empêcher d'associer son pseudo au Scrameustache, ce personnage de BD extraterrestre autant que facétieux) le Papistache, donc se demandait sous mon billet consacré à Bruges comment on prononçait Schaerbeek.

Le néerlandais possède des sons longs et brefs et la règle pour les distinguer est assez simple : lorsque qu'une syllabe est ouverte (se terminant par une voyelle) le son de la voyelle est long. Si la syllabe est fermée (se terminant par une consonne) le son de la voyelle est bref sauf si la voyelle est doublée.

Dans Schaerbeek, les deux syllabes sont fermées mais les voyelles doublées. Les deux sons sont donc longs. Le ae se prononcera comme le a de "lard" en traînant un peu sur le a (le doublement du a par un e provient de l'ancienne façon d'écrire le néerlandais). Le ee est un e long et se prononce é comme dans "béquille" mais lui aussi allongé.

En gros, Schaerbeek se prononce donc "skârbék" (et pas skarbèk comme le font beaucoup de wallons).

Je dis "en gros" parce que la difficulté de prononciation de ce nom ne provient pas de ses deux syllabes longues et de l'écriture étrange du a double, mais bien du "Sch" initial,  un son à mi-chemin entre "ch" et "sk", et qui semble être imprononçable pour une bouche francophone. Cette difficulté est telle que, selon la légende, elle servit aux "klauwaerts" flamands à distinguer les membres de la garnison française logeant chez l'habitant lors des matines brugeoises de 1302.

GoedendagC'est là que se trouve la  coïncidence entre la question de Papistache et la ville de Bruges : ces partisans de la gestion des villes par leurs habitants (par opposition aux "leliaerts", supporters du lys de France,) auraient demandé aux suspects de répéter l'expression "Schild en vriend" ("Bouclier et ami") et fracassé le crâne de ceux qui en étaient incapables d'un coup de "goedendag" (en Français "bonjour") une sorte de masse d'armes.

Raconté comme cela, ça fait humour macabre, d'appeler un casse-tête utilisé au petit matin "goedendag". Mais certains historiens pensent que "schild en vriend" est une déformation de "Des gilden vriend ?" (en français "Ami des guildes ?") le g flamand étant tout aussi imprononçable pour les francophones que le sch. Toujours est-il que cela a conduit au massacre de 1500 Français, ce qui mena à la bataille des éperons d'or où le fameux Goedendag fut à nouveau à l'honneur. Goedendag qui plutôt qu'une masse d'armes était en réalité une sorte de pique courte que les milices flamandes utilisaient pour atteindre le cou des chevaliers à la jonction entre le heaume et la cuirasse.

Qui a dit "Gloub !" ?


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