Dans la série « Mission impossible »
Notre fils avait dit « Puisque vous allez en Ombrie, remettez donc ces colis à Giuliano et à Ricardo ».
Pour Giuliano, pas de difficulté : c’est le propriétaire de l’appartement où nous logeons, nous avons donc forcément dû le rencontrer. C’est aussi, accessoirement, le tenancier, en plein centre historique de Castiglione, du restaurant aux crèmes brûlées duquel mon épouse ne peut résister, ça ne fait que faciliter les choses.
Pour Ricardo, c’est une autre paire de manches : j’ignore où il habite, mais je sais qu’entre autres occupations obscures, il tient un restaurant (celui où nous avions passé le réveillon 2007-2008), trois soirs par semaine dans un coin perdu de Panicarola (endroit dont le nom me fait invariablement penser à Piña Colada et qu’il faut pouvoir retrouver sans la moindre indication sur le trajet). Il ne parle pas français, mais son épouse parle anglais.
Après contact téléphonique, nous décidons d’aller manger chez lui. J’avais mal compris l’heure et la charmante Mariella m’avait dit « Venez un peu plus tôt, nous pourrons parler ! » Ce qui nous a valu de passer deux heures au bord de la piscine en compagnie d’une bouteille de vin blanc (Chardonnay et Pinot blanc) de la région de Florence.
Lorsque nous pénétrons enfin dans le restaurant, Mariella nous annonce qu’elle nous a placés à la table voisine de celle de deux Gantoises et nous découvrons que nous ne goûterons pas à la cuisine de Ricardo. En cause : une soirée spéciale du cercle oeno-gastronomico-culturel local consacré à une jeune étoile montante de la cuisine ombrienne. Nous n’avions donc que le choix du vin, pour le menu (à six services) tout était prévu par le Chef.
Pour ce qui est du vin, je vous recommande la carte locale : ce doit être un des rares restaurants au monde où pour accompagner un menu à trente euros, vous pouvez, si vous le souhaitez bien sûr, vous offrir un Château d’Yquem à six cent (un prix somme toute encore raisonnable pour ce vin). Je ne garantis pas que pour ce prix vous échappiez malgré tout à l’engueulade de Ricardo sur votre manque de discernement dans votre manière de gérer l’accompagnement d’un repas par un vin approprié !
Quant aux Gantoises, nous les avons fort intéressées en leur décrivant la décoration mi-érotique mi-naïve de la « Chambre des Amants » qui nous avait été attribuée à l’époque de notre premier séjour. Je crois qu’elles en ont réclamé la visite à Ricardo.
Nous y retournons demain. Mais non, pas dans la chambre, au resto !
Je vais réinspecter la carte des vins, le diable d’homme serait bien foutu d’offrir (contre espèces sonnantes et trébuchantes) un Romanée-Conti acceptable.