Santé, Émile !
Sur la photo qui trônait, bien en évidence, au-dessus de la cheminée, chez mes grands-parents maternels, Émile Vandervelde était un peu plus âgé que sur celle-ci.
Dans ce logis d'ouvrier carrier, socialiste convaincu, son portrait tenait lieu de crucifix.
Ce gaillard à l'énorme carrière politique, président de la Seconde Internationale, est resté célèbre dans mon pays, bien longtemps après sa mort, pour avoir fait voter une loi que l'on désigna par son nom.
Cette loi avait pour but de combattre l'alcoolisme en interdisant la vente d'alcools forts (plus de 18°) dans les débits de boisson ainsi que la vente en magasin de ces mêmes produits en quantité inférieure à deux litres.
Votée en 1919, elle contribua fortement à enrayer ce véritable fléau (aidée, il faut le dire, par les Allemands qui avaient durant la grande guerre démantelé la majorité des distilleries pour récupérer le cuivre de leurs alambics).
Cette loi, tombée en désuétude — elle n'avait dû son efficacité qu'aux salaires de misère de l'époque de sa promulgation —, ne fut abrogée qu'en 1983. Aucun magasin ne l'appliquait plus depuis longtemps, sauf une chaîne d'obédience néerlandaise pour qui la loi était la loi. Ce qui valait à ses clients, dont j'étais, d'avoir les bars privés les mieux fournis du royaume.