Super chef
Au début des vacances, l'aînée de nos petites-filles avait manifesté l'intention de réaliser seule un repas complet pour toute la famille. Mon épouse lui avait promis qu'elle pourrait le faire dès notre retour de Bretagne.
Durant notre voyage de retour, elle a décidé du menu qu'elle voulait proposer et en a discuté avec sa grand-mère : établir la liste des ingrédients nécessaires à chaque plat, planification des tâches à accomplir de manière à ce que tout soit prêt pour le vendredi soir.
Jeudi matin, elles ont fait les courses et c'était parti. Au départ, nous avions simplement dû la dissuader de faire des ris de veau (elle les adore) en entrée, estimant que peler des ris n'était peut-être pas une activité très indiquée pour une première tentative. Remarquez que le premier ouvrage que j'aie réalisé au crochet était bien une robe longue en coton écru avec corsage en brides et jupe en résille !
Mais revenons à ce menu. Elle nous a réalisé en entrée, dressée sur les assiettes, une salade de jeunes épinards ciselés, tomates-cerises, oeufs durs, crevettes grises et quartiers d'orange pelés à vif, accompagnée, au choix, de mayonnaise ou de vinaigrette à l'orange.
Le plat principal consistait en tranches de noix d'agneau marinées puis poêlées, accompagnées de flageolets et de purée de pommes de terre enrichie de fragments de champignons, les assiettes étaient décorées d'épluchures de patates frites. Mais le plus inattendu était la sauce. Elle avait imaginé une sorte de beurre blanc tomaté et aillé, bien évidemment filtré, d'une onctuosité ! J'ai bien vu son Breton de père en prélever juste de quoi mouiller l'extrême pointe de son couteau pour la goûter d'un air suspicieux... et s'en servir ensuite largement, homme de peu de foi, comme disait l'autre.
Quant au dessert, il s'agissait d'une mousse au chocolat présentée sur une galette de riz soufflé.
Sa soeur, celle qui s'appelle "Moi aussi !" avait été chargée des amuse-gueule : crème de carottes aux petits croûtons, mini croque-Monsieur, oeufs de caille farcis, blinis au saumon fumé.
Tout était prêt à 19h30 comme prévu. Leurs parents se sont amenés vers 20h30. Un imprévu !
En vue d'en faire cadeau à une copine des filles, ils avaient acheté une petite lapine angora et l'avaient déposée dans l'enclos en compagnie des onze autres et elle avait disparu dans le monde souterrain, poursuivie par la meute de ses congénères. Pour tenter de la récupérer, le Breton s'était mis à creuser et était arrivé dépité et affamé, dame, la chasse au lapin, ça creuse !
Aujourd'hui, leur jardin dispose, à deux mètres de l'enclos lapinesque, d'un puits d'une soixantaine de centimètres de profondeur séparant deux bouts de galerie : un bouché par un pot en terre cuite pour éviter la fuite des onze et un autre où se réfugie la lapine qu'on n'a toujours pas réussi à récupérer.
La suite au prochain numéro...