Hélas...
Je ne vous donnerai pas son prénom, sait-on jamais, malgré le temps... Je ne le maquillerai pas non plus, il m'était trop cher.
Elle avait la vingtaine étourdissante, respirait la santé et la joie de vivre. Nous nous voyions presque chaque jour. Elle me berçait de la musique de sa voix. Les boucles de ses cheveux bruns, mi-longs selon la mode de l'époque, me caressaient délicieusement la joue. Je m'enivrais de son parfum subtil et la chaleur de son corps, que je percevais à travers ses vêtements aux coloris joyeux, m'enveloppait d'un nuage de béatitude. Parfois, elle me prenait la main avec, tout à la fois, douceur et fermeté pour...
Un jour, n'y tenant plus, surmontant cette timidité maladive qui est toujours mienne aujourd'hui, je lui ai, le front rouge et les yeux braqués sur le bout de mes chaussures, demandé de m'épouser.
Et là, j'ai senti que je n'aurais pas dû ! Elle m'a serré dans ses bras et, avec une infinie tendresse, m'a dit que ma demande la flattait, qu'elle aurait sans doute été heureuse de le faire, mais qu'elle n'aurait jamais le courage d'attendre ce bonheur pendant une longue quinzaine d'années.
Voilà pourquoi je n'ai pas épousé mon institutrice de maternelle.