Pincement au coeur
Une de mes petites-filles est dysphasique. Cela me vaut d'aller la rechercher chaque jour, en semaine, à son établissement scolaire. Nous partons ensuite cueillir sa soeur à l'autre bout de la ville. Elle bénéficie donc, dans ma voiture, le dernier salon où l'on cause, de mon attention exclusive (si l'on veut bien excepter les divers olibrius avec qui je suis bien forcé de partager la route).
Dernier dialogue en date :
- Papou...?
- Doudou...?
- Les enfants, à l'école, disent que j'ai un trou dans ma tête !
- Aah...?
- Quand je suis née, j'ai eu un accident.
- On peut dire ça comme ça, même si on ne sait pas très bien ce qui s'est passé.
- C'est embêtant, je vais toujours devoir prendre des médicaments...
- C'est pour t'aider à te concentrer, ce ne sont que de toutes petites pilules. Tu sais, moi aussi j'en prends neuf par jour, des médicaments, c'est pas si grave !
- Et mes enfants, ils vont devoir en prendre aussi, les pauvres...
- Je ne crois pas. Comme pour toi, c'était un accident, ça ne se transmettra pas à tes enfants.
- Ah...
Ainsi, cette enfant qui éprouve de grosses difficultés d'apprentissage, s'inquiète, à bientôt neuf ans, de la vie qu'auront ses enfants. Car elle ne doute pas d'en avoir un jour. Faut dire qu'elle a le même "amoureux" depuis plus de cinq ans. L'ennui, c'est qu'il sévit dans la même école que sa soeur et que celle-ci est en dernière année et va changer d'établissement. Fini de lui faire la bise les jours où nous réussissons à remonter de la ville suffisamment vite que pour assister à la sortie de l'école de la soeur aînée.