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Entre nous
21 mars 2008

Délégation

Je classe ce billet dans la catégorie "à chaud". Humour bien involontaire parce que, dehors, les averses de grêle se succèdent, ce qui ne réchauffe pas particulièrement l'ambiance.

ApocalypseComme dans nos régions, nous baptisons la grêle "veaux de mars", j'effectue une petite recherche sur le Net et je m'aperçois que cette façon de dire est assez répandue.  En cherchant une illustration de grêle, je tombe sur un site qui montre la tapisserie d'Angers avec une vue illustrant ce passage de l'Apocalypse : «Et il y eut de la grêle et du feu mêlés de sang, qui furent jetés sur la terre...».

Faudra que je pense à visiter Angers ! Mais poursuivons.

Je trouve également une sorte de site de discussion où je découvre un texte en Wallon (peut-être du Mosan) sur la grêle, assorti de sa traduction en Français. Personnellement, je n'ai pas besoin de la traduction : bien que je n'en parle aucun, je comprends à peu près tous les patois de la région wallone. Je vous livre la chose :

Qwand les vês d'mas gruzelèt so l'teût
L'ivièr tchante si dièrin rèspleu
Ca l'prétins tot hosselé d'violètes
Djase dèdja d'amour è catchète...

Quand les veaux de mars grêlent sur le toit
L'hiver chante son dernier refrain
Car le printemps tout bercé de violettes,
Parle déjà d'amour en cachette.

Ce qui est étrange, c'est que cette citation se trouve au beau milieu d'un échange à propos des cadres qui délèguent le boulot à d'autres. Et c'est là que me revient en mémoire la petite anecdote que voici :

Nous héritons un beau jour d'un nouveau chef de service. À l'époque, j'avais mon bureau au milieu de mes labos : à droite la spectrométrie de fluorescence X, à gauche la diffraction X. Au bout d'environ deux semaines, notre nouveau chef entre dans mon bureau. Dans la conversation, il glisse : "Ce que j'admire le plus chez toi, c'est ta capacité à déléguer ! Tu fais ça tellement bien que je finis par me demander s'il te reste quelque chose d'autre à faire..."

Quelle dangereuse perspicacité ! Mais je ne me laisse pas démonter aussi facilement. J'aurais pu lui opposer le contrat de travail tacite conclu en son temps avec le prédécesseur de son chef à lui, mais je lui ai simplement exposé ma conception de la fonction que j'occupais :

  • assurer la gestion stricte de ce qui m'était confié (j'avais écrit un programme de gestion de mes laboratoire dès avant la naissance des "LIMS")

  • assurer la veille scientifique et technologique des techniques qui m'avaient été dévolues

  • asseoir mon "autorité" sur mes compétences

  • être à tout moment disponible pour mes adjoints et tout membre de mon personnel, ce que je considérais et considère toujours aujourd'hui comme essentiel à l'accomplissement d'une fonction d'encadrement

Mais qu'est-ce que je vous raconte là ! Vous ne m'avez pas cru quand-même ? Lui non plus, je crois, mais il a bien fait comme si...


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Commentaires
M
De très bon sens même, tais toi itou, plombier c'est ce que je voulais faire comme formation après mes études et recherches de boulot laborieuse (mais pas en laboratoire) mais vu mes brillants résultats aux tests l'ANPE n'a pas du tout voulu, ça m'apprendra à briller pour une fois, tiens ;)
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M
C'est curieux ta réponse à Pivoine, j'ai longtemps cru être une scientifique égarée en lettres, trop sensible je n'étais bonne élève qu'avec les professeurs qui ne considéraient pas l'humiliation comme un principe pédagogique
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W
Oui, chère Pivoine, j'ai été tout cela.<br /> Dans mes labos, quand mes "sbires" voulaient me poser une question, ils m'interpellaient en disant : chef, toi qui sais tout... Opinion aussi flatteuse qu'erronée, il va sans dire. Je suis, entre autres, nul dans bien des domaines où toi-même excelles, comme celui de l'art.<br /> Je me suis souvent défini comme un littéraire égaré dans la science. Je considère cependant qu'il est bien des situations où une bonne formation générale aide bien mieux qu'un savoir pointu dans un domaine particulier.
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P
Donc, en somme, tu étais chimiste? Laborantin? Cadre? Un de ces rares scientifiques pétris d'humain et de littérature? (Les profs qui étaient ainsi étaient rares, mais quand on en rencontrait un, on avait beaucoup de chance...)
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